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roi fasse enregistrer aujourd’hui, au parlement de Bourgogne, les traités de Henri IV. Tout ce que je sais, c’est que je demande la protection de M. le duc de Praslin, et qu’il est nécessaire que notre cause soit remise par-devant le conseil, qui ci-devant l’avait évoquée à lui. Les enregistrements n’empêcheraient pas probablement le parlement de juger selon le droit commun. Il pourrait dire : Nous avons déjà jugé cette affaire depuis plus de cent ans : le conseil s’en est emparé depuis ; nous nous en tenons à notre premier arrêt, antérieur d’un siècle à l’enregistrement que nous faisons anjourd’hui, et cet enregistrement ne peut préjudicier au droit commun, qui décide en faveur des curés contre les seigneurs.

Vous m’avouerez qu’alors ma cause, qui est très-importante, serait très-hasardée. Il est plus simple, plus court, plus naturel, que le conseil d’État retienne à lui l’affaire qui était entre ses mains, et qui n’en est sortie que par un arrêt par défaut subrepticement obtenu.

C’est sur quoi, mes anges, je vous demande votre protection auprès de M. le duc de Praslin, et j’écris en conformité à M. Mariette[1], mon avocat au conseil.

Vous me direz que voilà un vrai style de dépêches, et que je suis un étrange homme : voilà trois parlements du royaume que j’ai un peu saboulés, Paris, Toulouse, et Dijon ; cependant aucun n’a donné encore de décret de prise de corps contre moi, comme contre le beau M. Dumesnil.

Cette aventure de M. Dumesnil[2] n’est-elle pas bien singulière ? et ne sommes-nous pas dans le siècle du ridicule, après avoir été, dans le temps de Louis XIV, dans le siècle de la gloire ? De grâce, donnez-moi un petit mot de consolation, en me parlant de vos roués et de vos assassinats. Mes anges, vivez heureux.

Respect et tendresse.


5451. — À M. THIERIOT.
8 novembre.

Mon frère, vous pouvez avoir eu des convulsions à Paris, mais sûrement vous n’êtes pas devenu convulsionnaire. Je me flatte qu’à présent votre corps se porte aussi bien que votre âme.

  1. Cette lettre est perdue.
  2. Voyez les lettres de Voltaire à Catherine II, des 19 octobre et 16 décembre 1774 ; et de Catherine à volraire, du 2 novembre 1774.