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5797. — À M. DUPONT.
20 octobre.

Oui, mon cher ami, vous serez avocat de monseigneur le duc de Wurtemberg, ou je mourrai à la peine ; je ferais plutôt le voyage de Stuttgard. Je vais écrire à M. le comte de Montmartin[1], que j’ai l’honneur de connaître, et qui m’honore de ses bontés. Monseigneur le duc de Wurtemberg et monseigneur l’électeur palatin ont daigné m’inviter à venir chez eux ; mais en vérité j’ai plus d’envie de vous embrasser que de faire ma cour à des princes. Si je ne m’étais pas fait une famille aussi considérable que celle à la tête de laquelle je me trouve ; si je n’avais pas chez moi la nièce de Corneille, son mari et leur fille, et le Père Adam, et un architecte et sa femme, et trente ou quarante domestiques de campagne à conduire, et un assez grand terrain à cultiver sans pouvoir trouver de fermier, je vous jure que j’accepterais bien vite votre proposition de m’établir à Montbéliard ; je serais votre voisin, nous philosopherions ensemble.

Présentez, je vous prie, mes respects à monsieur le premier président et à madame ; embrassez pour moi madame votre femme et vos enfants. Mme Denis vous fait les plus tendres compliments. V.


5798. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 20 octobre.

Mon divin ange, je vous ai écrit[2] un petit mot par M. le duc de Praslin ; j’ai écrit à Mme d’Argental, qui vous communiquera ma lettre[3]. Le petit ex-jésuite est toujours plein de zèle et d’ardeur ; et quand il reverra ses roués, il attendra quelque moment d’enthousiasme pour faire réussir votre conspiration. Vous connaissez l’opiniâtreté de sa docilité.

Pour moi, vieux ex-Parisien et vieux excommunié, je suis toujours occupé de ce malheureux Portatif, qu’on s’obstine à m’imputer. Un petit abbé d’Étrée, dont je vous ai, je crois, parlé dans mon billet[4], qui a travaillé autrefois avec Fréron, qui s’est fait généalogiste et faussaire, qui, à ce dernier métier, a obtenu un

  1. La lettre est perdue.
  2. Lettre 5778.
  3. 5792.
  4. C’est dans la lettre à Mme d’Argental, n° 5792.