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s’amuse à faire imprimer deux volumes de mes lettres. Où aurait-il pris de quoi faire ces deux volumes ?

À l’égard des six commentateurs, il faut que ce soit la troupe qui travaille au Journal chrétien[1]. Elle ne donnera sans doute que des avis charitables et fraternels ; elle priera Dieu pour moi, et cela me fera beaucoup de bien.

On dit que tous les musiciens ont été à l’enterrement de Rameau, et qu’ils ont fait chanter un très-beau De profundis. Quand je mourrai, les poètes feront contre moi des épigrammes que les dévots larderont de maudissons. En attendant, je me recommande à vous et aux philosophes.


5784. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
8 octobre.

Mme  de Florian vous remettra, madame, le livre que vous demandez, presque aussitôt que vous aurez reçu cette lettre. Vous verrez bien aisément quelle injustice l’on me fait de m’attribuer cet ouvrage ; vous connaîtrez que c’est un recueil de pièces écrites par des mains différentes. Il est d’ailleurs rempli de fautes d’impression et de calculs erronés qui peuvent faire quelque peine au lecteur. Il y a quelques chapitres qui vous amuseront, et d’autres qui demandent un peu d’attention. Si vous lisez le Catèchisme des Japonais[2], vous y reconnaîtrez aisément les Anglais ; vous y verrez d’un coup d’œil que les Breuxhé sont les Hébreux ; les pipastes, les papistes ; Therlu[3] et Vincal, Calvin et Luther ; et ainsi du reste.

Je vous exhorte surtout à lire le Catéchisme chinois[4], qui est celui de tout esprit bien fait. En général, le livre inspire la vertu, et rend toutes les superstitions détestables.

C’est toujours beaucoup, dans les amertumes dont cette vie est remplie, d’être guéri d’une maladie affreuse qui ronge le cœur de la plupart des hommes, et qui conduit au tombeau par des chemins bordés de monstres.

J’ai été si malade depuis deux mois, madame, que je n’ai pu aller une seule fois chez Mme  de Jaucourt. Je crois vous avoir

  1. Les abbés Trublet, Joannet, et Dinouart.
  2. Voyez tome XVIII, page 81.
  3. Dans le Dictionnaire philosophique il y avait et il y a pispates et Terluh ; voyez tome XVIII, pagre 83.
  4. Voyez tome XVIII, page 60.