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condamnent l’inoculation. Il n’y a, révérence parler, parmi les Welches que nos frères qui aient le sens commun. Vous, madame, qui joignez à ce sens commun les grâces et l’esprit, vous êtes Française et nullement Welche ; et moi, madame, je suis à vos pieds pour toute ma vie.


5771. — À M. DUPONT.
Au château de Ferney, 25 septembre.

Voici, mon cher ami, de quoi il s’agit : j’ai donné déjà 100,000 livres ces jours-ci au sieur Jean Maire sur son simple billet. Monseigneur le duc de Wurtemherg doit être content de ce procédé. Je vous envoie une lettre de change de 79,995 livres, que je vous prie de faire remettre audit sieur Jean Maire quand vous aurez la bonté de lui faire passer l’acte. Je lui envoie encore 20,005 livres ; ainsi il aura 200,000 livres net.

Je joins ici un croquis d’acte qui n’est pas prolixe, mais qui dit tout, et que je soumets à vos lumières et à vos bontés. Vous serez peut-être étonné de ma confiance dans les princes ; mais il y a longtemps que je sais qu’il vaut mieux placer sur eux que sur les particuliers. M. le duc de Wurtemberg a 600,000 livres de rente en France de biens libres.

M. Jean Maire est chargé de vous présenter vos honoraires. Voilà en peu de mots ce qui regarde cette affaire pécuniaire, sur laquelle je vous demande le secret. J’ai été bien tenté de venir vous voir, mais il aurait fallu aller chez le duc de Wurtemberg et l’électeur palatin ; je ferais volontiers quatre-vingts lieues pour voir un ami. Vous vous apercevez par ma petite écriture que mes yeux sont en meilleur état ; mais gare les neiges ! c’est alors que je suis aveugle. Je vous embrasse très-tendrement ; Mme Denis en fait autant. V.


5772. — M. DE LA CHALOTAIS.
À Ferney, le 20 septembre.

Agréez, monsieur, que M. de La Vabre, qui vous présenta l’an passé une lettre de ma part, et que vous reçûtes avec tant de bonté, ait encore l’honneur de vous en présenter une. Il vous parlera de son affaire ; mais moi, je ne peux vous parler que de vous-même, de votre éloquence, des excellentes méthodes que vous avez daigné donner pour élever des jeunes gens en citoyens