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M. Blin de Sainmore qui ait pris ma défense[1]. Soyons étonnés après cela que les philosophes nous abandonnent ! Les hommes sont presque tous paresseux et poltrons, à moins qu’une grande passion ne les anime[2].

Je sens bien qu’on aurait pu faire un ouvrage plus instructif que la lettre de Sainmore ; mais il importe fort peu qu’on se charge d’éclairer les hommes sur de mauvais vers, sur des pensées alambiquées et fausses, sur des personnages qui ne sont point dans la nature, sur des amours bourgeois et insipides : c’est contre des erreurs plus importantes et plus dangereuses qu’il faudrait leur donner du contre-poison. Ce qu’il y a de cruel, c’est que les empoisonneurs sont récompensés, et les bons médecins persécutés. Ne pourrai-je jamais faire avec vous quelque consultation ? Vous avez d’excellents remèdes ; mais nos malades sont comme M. de Pourceaugnac, qui voulait battre son médecin[3].

Adieu, mon cher frère ; vous êtes courageux, et n’êtes point paresseux : Nuit sic Thieriot, non sic. Ne nous rebutons pas ; nous avons fait quelques cures, et c’est de quoi nous consoler. Courage, Ècr. l’inf…


5748. — À M.  BERTRAND.
Ferney, 28 auguste.

Dans le fond de mon ermitage,
Loin de l’illusion des cours,
Réduit, helas ! à vivre en sage,
Ne l’ayant pas été toujours,
Et ne l’étant qu’en mon vieux âge,
La retraite est mon seul recours,
Je ne ferai plus de voyage.

  1. Voyez la lettre 5738.
  2. Dans la Correspondance de Grimm on donne, sous la date du 7 septembre, comme formant une seule letre : 1° les deux premiers alinéas de la lettre 5757 ; 2° un alinéa commencant ainsi :

    « C’est en Hollande qu’on a imprimé le petit ouvrage attribué à Saint-Évremont ; mais je ne pourrai de plus de six semaines en avoir des exemplaires. Eh bien, mon cher frère, vous voyez que de tous les gens de lettres, etc. »

    Après le mot anime, on lit dans Grimm : « Adieu, vous êtes courageux. Non sic Thieriot, non sic. » (B.)

    — Le petit ouvrage attribué à Saint-Évremont est l’Analyse de la religion chrétienne, dont il est question tome XVIII, page 261 ; et XXVI, 560.

  3. Pourceaugnac ne va pas jusqu’à battre son médecin : au contraire, il prend la fuite devant les apothicaires et les médecins, acte I, scène. xvi.