Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vous aurez sans doute chez vous M. d’Argenson, et vous vous consolerez tous deux du mal que la fortune a fait à l’un, et que la nature a fait à l’autre[1].

Adieu, madame. Pour moi, je serai consolé si vous me défendez de l’imputation calomnieuse que j’essuie. Comptez sur mon très-tendre et très-sincère attachement.


5691. — À M.  DAMILAVILLE.
29 juin.

C’est à vous, mon cher frère, que je dois adresser ma réponse à Mme  de Beaumont. Me voilà partagé entre elle et son mari. Voilcà un couple charmant : l’un protège généreusement l’innocence, l’autre rend la vertu aimable. Voilà des amis dignes de vous.

Quel M. Fargès, s’il vous plaît, a opiné si noblement[2] ? Car il y en a deux. J’en connais un qui est haut comme un chou, et dont les jambes ressemblent assez à celles de l’abbé de Chauvelin ; il lui ressemble sans doute aussi par le cœur et par la tête, puisqu’il a parlé avec tant de grandeur et de force.

J’ai déjà écrit à M. le duc de La Vallière[3] pour le prier, en qualité de grand-veneur, de faire tirer sur le procureur général de la commission, s’il ne prend pas l’affaire des Calas aussi vivement que nous-mêmes.

Serez-vous étonné si je vous dis que j’ai reçu une lettre anonyme[4] de Toulouse, dans laquelle on ose me faire entendre que tous les Calas étaient coupables, et que les juges ne le sont que d’avoir épargné la famille ? Je présume que, si j’étais à Toulouse, on me ferait un assez mauvais parti.

Que dites-vous de ce fou de Jean-Jacques qui prétend que je suis son persécuteur ? Ce misérable, parce qu’il m’a offensé, ainsi que tous ses amis, s’imagine que je me suis vengé ; il me connait bien mal. Aimons la vertu, mon cher frère, et rions des fous.

Écr. l’inf…

  1. L’exil de d’Argenson et la cécité de Mme  du Deffant.
  2. Dans l’affaire des Calas ; voyez la lettre à Richelieu, du 21 juillet.
  3. Cette lettre manque ; ou n’a presque rien de la correspondance de Voltaire avec le duc de La Vallière.
  4. Voltaire en reparle dans ses lettres à d’Argental, du 29 juin ; à d’Alembert, du 16 juillet.