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5637. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
Aux Délices, 5 mai.

Mes divins auges verront par la lettre ci-jointe dans quel embarras je me trouve. Je me flatte que la bonté de M. d’Argental m’en tirera, et qu’il m’épargnera une violente tracasserie que j’essuie pour des Contes dont je ne me soucie guère. J’avais très-grand sujet de me plaindre que mon nom se trouvât à la tête des fadaises de Guillaume Vadé : d’autant plus que, parmi ces fadaises, il y a des choses qu’on trouvera trop hardies, et je consens de tout mon cœur qu’on les supprime entièrement ; mais je ne me suis point servi des paroles choquantes rapportées par M. Crommelin. D’ailleurs, Cramer m’a juré qu’il avait supprimé toutes les feuilles du titre dont j’avais lieu de me plaindre.

Je vous demande en grâce de m’écrire un mot, par lequel vous me renvoyez la lettre que je vous écrivis au mois d’avril pour cette petite affaire. J’en ai gardé copie, je la montrerai au plaignant, et tout sera apaisé. Je vous aurai la plus grande obligation du monde : car rien n’est plus triste que de donner des sujets de plainte à ceux à qui on a rendu service.

Je vous supplie de ne point donner encore à Lekain la nouvelle copie des roués. Vous recevrez, par la première poste, des changements nouveaux qui m’ont paru d’une nécessité absolue.

Je vous demanderais pardon de toutes les peines que je vous donne, s’il ne s’agissait pas d’une conspiration dont vous êtes le premier mobile. Plus je m’efforce à rendre la pièce tolérable, et plus j’ai droit à votre indulgence.


5638. — À M. DAMILAVILLE.
Aux Délices, 5 mai.

Je reçois, mon cher frère, votre lettre du 28 avril. Frère Cramer m’assure qu’il a ôté mon nom qu’il avait mis malheureusement à la tête des Contes de Guillaume Vadé, et qu’il n’en paraîtra pas un seul exemplaire[2] avec ce malheureux titre.

Au reste, je ne prends nul intérêt à Guillaume Vadé, ni à son recueil, ni aux autres pièces qu’on a pu y insérer ; et pour peu

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Voyez la note 2, page 20.