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bientôt faire des tragédies dans l’autre monde ; pour peu que Belzébuth aime le théâtre, je serai son homme. Les dévots disent en effet que le théâtre est une œuvre du démon : si cela est, le démon est fort aimable, car de tous les plaisirs de l’âme je tiens que le premier est une tragédie bien jouée.

J’envie le sort d’un Genevois qui va faire sa cour à Votre Altesse sérénissime. Il est bien heureux, mais il est digne de l’être : c’est un homme plein d’esprit et de sagesse. La liberté genevoise est une belle chose, mais l’honneur de vous approcher vaut encore mieux.

Je songe, monseigneur, que, pour perfectionner votre troupe, vous pourriez prendre, au lieu des chapons d’Italie, que vous n’aimez point, quelques-uns de nos jésuites réformés : ils passaient pour être les meilleurs comédiens du monde ; je crois qu’on les aurait actuellement à fort bon marché.

Pardonnez à un vieillard presque aveugle de ne vous pas écrire de sa main. Je suis, etc.


5614. — DU PRINCE LOUIS DE WURTEMBERG.
Le …

Je serais trop heureux, monsieur, de mériter l’éloge que vous me donnez dans votre lettre[1]. La bonne opinion que vous avez de moi me pénêtre, et m’encourage à m’en rendre digne. Il est plus singulier que difficile de suivre le bien, et c’est cette singularité qui écarte le grand nombre d’un chemin si peu battu. L’approbation d’un homme comme vous sert d’aiguillon à un cœur fait pour connaître la vertu, et de guide pour l’y conduire.

Je serais trop heureux si je pouvais encore avoir le bonheur de vous voir ici. Je ne partirai qu’apres l’arrivée du roi à Berlin, et je ne doute nullement que j’aurai la satisfaction de vous assurer de bouche que l’on ne saurait être, avec des sentiments plus distingués que les miens, votre, etc.


Louis.

5615. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
10 avril.

Mes divins anges, voilà le tripot fermé : il ne vous revient plus qu’un quatrième acte des roués, que je vous enverrai quand il vous plaira ; et ce sera à vous à me dire comment j’en dois user avec les ambassadeurs de France à Turin ; c’est une affaire d’État

  1. Elle manque.