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5564. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
17 février.

J’envoie à mes anges de petits extraits où il y a des choses assez curieuses, qui pourront les amuser un moment : après quoi ils pourront envoyer ce chiffon à MM. Arnaud[1] et compagnie, qui mettront mes matériaux en ordre. S’ils n’ont pas reçu un paquet des Trois Manières, il y a certainement quelqu’un qui a une quatrième manière sûre de voler les paquets à la poste ; et c’est sur quoi M. le duc de Praslin pourrait interposer doucement son autorité et ses bons offices.

Le déposant affirme, de plus, avoir adressé à M. Janel (remarquez bien cela), à M. Janel lui-même, deux exemplaires d’Olympie, dont plusieurs pages griffonnées à la main.

Plus, un mémoire justificatif contre les cruels qui veulent faire mourir Statira au cinquième acte.

Plus, un petit conte ; mais je ne suis pas sûr que ce conte ait été mis dans les paquets. Ce n’est qu’une opinion probable : ce qui est démontré, c’est que je suis à mes anges avec respect et tendresse.


5565. — À M. LE CARDINAL DE BERNIS.
À Ferney, 18 février.

Il y a longtemps, monseigneur, que j’hésite à vous envoyer ce petit conte ; mais comme il m’a paru un des plus propres et des plus honnêtes, je passe enfin par-dessus tous mes scrupules ; vous verrez même, en le parcourant, que vous y étiez un peu intéressé, et vous sentirez combien je suis fâché de ne pouvoir vous nommer. Votre Éminence a beau dire que le sacré-collège n’est pas heureux en poëtes[2] j’ai dans mon portefeuille des choses qui feraient honneur à un consistoire composé de Tibulles ; mais les temps sont changés : ce qui était à la mode du temps des cardinaux Du Perron et de Richelieu ne l’est plus aujourd’hui ; cela est douloureux.

Je ne sais si Votre Éminence est au Plessis ou à Paris ; si elle est à la campagne, c’est un vrai séjour pour des contes ; si elle est à Paris, elle a autre chose à faire qu’à lire ces rapsodies. On

  1. Pour la Gazette littéraire.
  2. Lettre du 7 octobre 1763, n° 5428.