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être aisément informé, et en dire trois mots à mes anges, qui m’en feront entendre deux : car, quoique je ne sois pas un moine de couvent, je ne veux pourtant pas déplaire à monsieur le prieur. La liberté a quelque chose de céleste, mais le repos vaut encore mieux.

Ma nièce et moi, nous remercions encore une fois nos anges ; nous présentons à M. le duc de Praslin les plus sincères remerciements ; nous en disons autant à frère Crommelin, qui d’ailleurs est un des fidèles de notre petite église. J’ai lu, à propos d’église, le réquisitoire de maître Omer contre maître de Beaumont. Je ne sais rien de plus ennuyeux, si ce n’est peut-être le mandement de Beaumont, que je n’ai point encore vu. Je ne trouve de raisonnable, dans toutes ces fadaises importantes, que la déclaration du roi, qui ordonne le silence.


5551. — À M. LEKAIN[1].
1er février.

Le pauvre ex-jésuite à qui M. Lekain a écrit l’assure de toute son amitié, et certainement il trouvera très-bon que le tailleur, qui lui a fait un habit court, en fasse un aussi pour un héros de l’antiquité. Il ne sait pas encore quel parti on prendra d’abord. Il s’en remet uniquement à la volonté des personnes qui feront rendre ce petit billet à M. Lekain. Il paraît que rien ne presse, et que la Crète[2] doit l’emporter sur Rome et sur Éphèse. Toutes les affaires se croisent dans le monde ; mais on n’aura rien de plus pressé que de témoigner à M. Lekain l’estime et l’attachement qu’on a pour lui.


5552. — À M. DAMILAVILLE.
4 février.

Mon cher frère, je suis dans les limbes de toute façon, car mes yeux ne voient plus, et je ne sais rien de ce qui se passe. Mais je vois, à vue de pays, la paix renaître dans l’intérieur du royaume, l’argent circuler, l’Opéra-Comique triompher, Grandval revenir[3]

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. L’Idoménée, de Lemierre.
  3. Grandval, retiré en 1762, était rentré en 1764.