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à l’exemple de M. de Beaumont, et qu’ils iront tenir un concile à Sept-Fonts. Je ne sais si le rappel de tous les commandants est une nouvelle vraie. Je m’en tiens aux événements, et je n’y fais point de commentaires comme sur Corneille. Les graveurs seuls empêchent que l’édition de Corneille n’arrive.

Mais, encore une fois, pourquoi abandonner votre conspiration ? Est-ce le ton d’aujourd’hui de commencer une chose pour ne pas la finir ?

Je vous salue de loin, mes divins anges, et je crois que ces mots de loin sont bien convenables dans le temps présent ; mais je vous salue avec la plus vive tendresse.


5538. — À M.  DAMILAVILLE.
27 janvier.

Vos lettres, mon cher frère, sont une grande consolation pour le quinze-vingt des Alpes ; elles me font voir combien les philosophes sont au-dessus des autres hommes. Il me semble que vous voyez les choses comme il faut les voir.

Il est certain que les inondations ont arrêté quelquefois les courriers ; mais il n’est pas moins vrai que les premières personnes de l’État n’ont pu recevoir de Tolérance par la poste. Vous savez qu’on me fait trop d’honneur en me soupçonnant d’être l’auteur de cet ouvrage ; il est au-dessus de mes forces. Un pauvre faiseur de contes n’en sait pas assez pour citer tant de Pères de l’Église avec du grec et de l’hébreu.

Quel que soit l’auteur, il paraît qu’il n’a que de bonnes intentions. J’ai vu des lettres des hommes les plus considérables de l’Europe qui sont entièrement de l’avis de l’auteur depuis le commencement jusqu’à la fin ; mais il y a des temps où il ne faut pas irriter les esprits, qui ne sont que trop en fermentation. J’oserais conseiller à ceux qui s’intéressent à cet ouvrage, et qui veulent le faire débiter, d’attendre quelques semaines, et d’empêcher que la vente ne soit trop publique.

Je vous remercie bien de l’exploit du marquis de Créqui[1]. Voilà, de tous les exploits qu’ont faits les Français depuis vingt ans, le meilleur assurément. Cela vaut mieux que tous les mandements que vous pourriez m’envoyer. Christophe à Sept-Fonts[2]

  1. Voyez cet exploit, tome XX, page 277.
  2. Après avoir choisi l’abbaye de Sept-Fonts pour lieu de son exil, l’archevêque Christophe de Beaumont demanda à aller à la Trappe, ce qui lui l’ut accordé.