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cette campagne, dans laquelle j’aurai le plaisir de parler de vous à la petite-fille du grand Corneille.

Comptez, monsieur, que j’ose me croire au rang de vos amis, indépendamment de la formule du très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

4363. — À M.  LE COMTE D’ARGEMAL.
9 décembre.

remontrances de voltaire à ses anges gardiens.

De Deliciis clamavi :

1° Mes anges ne cesseront-ils jamais d’être comme Dieu, qui commande des choses impossibles ?

2° Mes anges me croiront-ils de fer quand je suis d’argile, et prendront-ils zèle pour puissance ?

3° Voudront-ils de suite deux pères[1] condamnant leurs filles, et s’en repentant ? Ne faut-il pas un intervalle entre des choses qui ont quelque ressemblance ?

4° Ne vaut-il pas mieux avoir le plaisir de donner la comédie du sieur Hurtaud, jouir de l’incognito, passer du tragique au comique, et rire sous cape de toutes les sottises du public ? Nota bene que je me flatte que mes anges verront que le Droit du Seigneur ne ressemble en aucune manière à Nanine.

5° Ou je suis une bête, ou le Droit du Seigneur est comique et intéressant.

6° Je crie à mes anges : Trouvez cela comique et intéressant, vous dis-je, et faites-le jouer adroitement.

7° Je les supplie de vouloir bien faire envoyer le paquet ci-joint à la pauvre aveugle Mme  du Deffant. Si elle a perdu les yeux, elle n’a pas perdu sa langue ; il faut consoler les affligés. Je demande pardon de la liberté grande[2].

8° À propos de la liberté grande, et ma lettre[3] à M.  Lemuierre ?

9° Dans peu vous aurez nouvelle offrande.

10° Pour Dieu, laissons là Fanime pour quelque temps.

Il faut présenter toujours des requêtes au conseil. Je suis occupé à chasser les jésuites d’un terrain qu’ils avaient usurpé

  1. Argire, dans Tancrède, et Bénassar, dans Fanime (ou Zulime).
  2. Mémoire de Grammont. chap iii.
  3. Voyez l’avant-dernier alinéa de la lettre 4314.