Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venir trouver[1], et qui est depuis six mois avec vous ? Je l’en estime et l’en aime tant que je serais presque tentée de lui en faire faire des compliments.

N’oubliez pas que vous me promettez des insolences. Au nom de… tout ce que vous n’aimez pas, ayez soin de mon amusement, et soyez bien persuadé que, hors vous, tout me parait languissant, fade et ennuyeux. Je crains bien que cette lettre n’ait tous ces défauts.


4322. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
3 novembre.

Je demande pardon d’écrire si souvent. Il est vrai qu’on ne doit pas oublier ses anges, mais il ne faut pas non plus les importuner. Je voudrais savoir si Mme d’Argental est guérie de sa fluxion ; j’en ai une bonne, et c’est ce qui fait que je n’écris point de ma main.

J’ignore encore si mes anges ont reçu la nouvelle copie de Tancrède, par la voie de M. de Chauvelin ; il y a aujourd’hui plus de huit jours que mes anges devraient l’avoir. La marche de la fin du second acte, ainsi que celle du premier, me paraît de la plus grande convenance ; mais les deux derniers vers du second acte me semblent faibles, et ne sont pas assez attendrissants ; je demande en grâce à mes anges de faire mettre à la place :


Peut-être il punira ma destinée affreuse ;
Allons… je meurs pour lui, je meurs moins malheureuse[2].


Au premier acte, dans la scène du père et de la fille, Aménaïde répète trop le mot peut-être.


                                       Cette témérité
Vous offense peut-être et vous semble une injure.


Je prie qu’on mette à la place :


                                      Cette témérité
Est peu respectueuse, et vous semble une injure[3].


Dans la même scène il faut absolument changer ces vers :


Les étrangers, la cour, et les mœurs de Byzance,
Sont il jamais pour nous des objets odieux.

  1. D’Argence de Dirac.
  2. Voyez tome V, page 366.
  3. Voyez tome V, page 563.