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4775. — À MONSEIGNEUR LE DUC DE CHOISEUL[1],
ministre des affaires étrangères.

C’est en l’an 1635 et 1636 que les Russes prétendent que Louis XIII envoya le prince de Chalais, comte de Talleyrand, marquis d’Excideuil, ambassadeur à Moscou et à la Porte, conjointement avec un nommé Roussel. Ils prétendent que le czar relégua l’ambassadeur de France, prince de Chalais, en Sibérie.

Il est aisé de vérifier l’absurdité de cette impertinence au dépôt des affaires étrangères.


4776. — À M.  LE CARDINAL DE BERNIS.
Aux Délices, le 15 décembre.

Vous avez raison, monseigneur, vous avez raison ; il faut absolument que Cassandre soit innocent de l’empoisonnement d’Alexandre, et qu’il soit bien évident qu’il n’a frappé Statira que pour défendre son père : il doit intéresser, et il n’intéresserait pas s’il était coupable de ces crimes qui inspirent l’horreur et le mépris. Je suis de votre avis dans tout ce que vous dites, excepté dans la critique du poignard qu’on jette au nez d’Antigone : ce drôle-là ne le ramassera pas, quelque sot qu’il soit. Ce n’est pas un homme à se tuer pour des filles ; et d’ailleurs tant de prêtres, tant de religieuses et d’initiés se mettront entre eux, que je le défierais de se tuer. Je remercie vivement, tendrement, Votre Éminence. Savez-vous bien que j’ai passé la nuit à faire usage de toutes vos remarques ? Il me paraît que vous ne vous souciez guère des grands mystères et des initiations. Cela n’est pas bien. Statira religieuse, Cassandre qui se confesse, tout cela me paraît fait pour la multitude. Le spectacle est auguste, et fournit des idées neuves : tout cela nous amusera sur notre petit théâtre. Je voudrais jouer devant Votre Éminence, recreatus præsentia. Que vous êtes aimable de vous amuser des arts ! vous devez au moins les juger, après avoir fait de si jolies choses quand vous n’aviez rien à faire. Je vois par vos remarques que vous ne nous avez pas tout à fait abandonnés. Mon avis est que vous vous mettiez tout de bon à cultiver vos grands talents. Le cardinal Passionei disait qu’il n’y avait que lui qui

  1. Ch. Nisard, Mémoires et Correspondances historiques et littéraires ; Paris, 1858, page 31.