Je souhaite la bonne année 1762 aux frères : je m’y prends de bonne heure, car j’ai hâte.
Que font les frères ?
Quelle nouvelle du Parnasse et du théâtre, et même des affaires profanes ?
La raison gagne-t-elle un peu ? Si les jésuites sont fessés, les jansénistes ne sont-ils pas trop fiers ? Gens de bien, opposez-vous aux uns et aux autres ; soyez hardis et fermes.
Frère Helvétius est-il revenu à Paris ?
Frère Thieriot augmentera-t-il de paresse ?
À quand l’Encyclopédie ? l’aurons-nous en 1762 ?
Que dit-on de la santé de Clairon et de la vive Dangeville ?
Le Journal de Trévoux contiuue-t-il toujours ?
Berthier[1] est-il ressuscité ?
Crévier[2] est-il mort ?
Qu’est-ce donc que ce livre De la Nature[3] ? Est-ce un abrégé de Lucrèce ? est-ce du vieux ? est-ce du nouveau ? est-ce du bon ? S’il y a mica salis[4], envoyez-le à votre frère du désert.
Est-il vrai que le gouvernement emprunte quarante millions ? et à qui, bon Dieu ? où trouvera-t-on ces quarante millions ? Il y a des gens qui les ont gagnés ; mais ceux-là ne les prêteront pas. Intérim, valete, fratres.
Voici une lettre[5] pour l’abbé Irailh, auteur des belles Querelles. Mais où demeure-t-il, ce M. Blin de Sainmore qui a fait de très-jolis vers pour moi, et qui a tant fait parler[6] la belle Gabrielle ?
- ↑ Allusion à la Relation de la maladie, etc., du jésuite Berthier, tome XXIV, page 95.
- ↑ J.-B.-Louis Crévier, continuateur de Rollin, ne mourut qu’en 1765 ; il était né en 1693.
- ↑ De la Nature, 1761, in-4o, 1766-1768, cinq volumes in-8o. L’auteur est Robinet, dont il a été parlé tome XXV, page 579, et XXVI, 135.
- ↑ Martial, livre VII, épigramme xxiv, vers 3.
- ↑ La lettre 4768.
- ↑ Dans ses stances à Blin de Sainmore (voyez tome VIII), Voltaire dit :
Pour Gabrielle, en son apoplexie,
D’autres diront qu’elle parle longtemps.
