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ne surprend ici personne. J’en suis fâché pour lui plus que pour moi.

J’ai l’honneur d’être avec bien du respect, monsieur, votre très-humble, etc.


Voltaire.

4694. — À M. DE RUFFEY[1],
président honoraire de la chambre des comptes de dijon.
À Ferney, par Genève, 30 septembre.

Ceci, monsieur, n’est pas académique, c’est chicane ; mais le tout pourra vous amuser. Je prends pour arbitres monsieur le premier président[2], monsieur le procureur général[3] et M. Le Bault. Le Fétiche en veut-il faire autant ?

Je consens à lui rendre Tournay et à lui donner Ferney, si dans toute la province de Bourgogne il se trouve un seul homme qui approuve son procédé.

Je vous quitte pour Corneille. Quand vous voudrez nous venir voir avec Mme de Ruffey, nous vous donnerons la comédie.

Je vous embrasse très-tendrement et sans compliment. V.


fait.

[4]Quand M. le président de Brosses vendit la terre de Tournay à vie à François de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, âgé alors de soixante et six ans[5], l’acquéreur, qui ne connaissait point cette terre, s’en remit entièrement à la probité et à la noblesse des sentiments de M. le président de Brosses.

Monsieur le président avait fait ci-devant un bail de trois mille livres par année de cette même terre avec le sieur Choüet, fils du premier syndic de Genève, qui était son fermier ; mais le sieur Choüet y avait perdu, de notoriété publique, vingt-deux mille francs, et la terre ne rapporte pas douze cents livres dans les meilleures années. Monsieur le président exigea de l’acquéreur à

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Le second premier président de La Marche (Jean-Philippe), fils de celui que Voltaire appelait mon contemporain.
  3. Louis Quarré de Quintin, homme d’un esprit fort cultivé, avec lequel Voltaire était en très-bons termes.
  4. L’exposé qui suit se trouve également joint à la lettre précédente, adressée à M. Le Bault.
  5. Lisez 64. Voltaire était né en 1694, et il acheta Tournay en 1758.