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barreaux verts, un grand berceau vert sur cette muraille. C’est là mon bouge. Je vous conseille, monsieur, et je vous supplie d’y descendre,


Atque humiles habitare casas.


Vous ne serez pas logé magnifiquement ; il s’en faut beaucoup. En qualité de comédiens, nous n’avons que des loges ; et, comme reclus, nous n’avons que des cellules. Nous logerons vos équipages, vos gens ; personne ne sera gêné. Vous aurez des livres, et, si vous voulez, même des manuscrits que vous ne trouverez point ailleurs. Si vous voulez voir Genève, vous verrez cette ville de vos fenêtres, et vous irez tant qu’il vous plaira. Voilà, monsieur, ma déclaration et mes très-humbles prières. Je ne puis trop vous remercier de l’honneur que vous daignez me faire, et vous savoir assez de gré de votre voyage philosophique. Vous vous accommoderez de notre médiocrité et de notre liberté républicaine.


 Omitte mirari beatæ
Fumum et opes strepitumque Romæ.


Vous verrez un vieux rimailleur philosophe, enchanté de rendre tout ce qu’il doit à un homme de votre mérite.

J’ai l’honneur d’être, avec les sentiments les plus respectueux, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

P. S. Permettez que je présente mes respects à M.  de La Michodière[1].


4312. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
Aux Délices, 27 octobre.

Ceci n’est point une lettre, madame, c’est seulement pour vous demander si vous avez reçu deux volumes de l’ennuyeuse Histoire de Russie, l’un pour vous, l’autre pour le président Hénault. M.  Bouret ou M.  Le Normand doit vous avoir fait remettre ce paquet. J’ignore pareillement si M.  d’Alembert a reçu le sien. Voulez-vous, madame, avoir la bonté de lui demander s’il lui est parvenu ? Il vous fait quelquefois sa cour, et je vous ou félicite tous deux : vous ne trouverez assurément personne

  1. Intendant d’Auvergne.