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des quatre cents louis que le roi daigne accorder. Nous comptons même être en état de prier les gens de lettres qui ne sont pas riches de vouloir bien accepter un exemplaire comme un hommage que nous devons à leurs lumières, sans recevoir d’eux un payement qui ne doit être fait que par ceux que la fortune met en état de favoriser les arts. Il me paraît qu’une condition essentielle pour cet ouvrage, assez important et dédié à l’Académie, est que les noms des académiciens se trouvent dans la liste des souscripteurs.

M. le duc de Nivernais a commencé par souscrire pour 
 12 exemplaires.
M. le cardinal de Bernis 
 12 —
M. le duc de Richelieu 
 12 —
M. le duc de Villars 
 6 —
M. le comte de Clermont 
 6 —
M. le président Hénault 
 2 —

Je prends la liberté, en qualité d’entrepreneur de cette affaire, et de père de Mlle Corneille, de souscrire pour cent. Ce n’est point par vanité, c’est par nécessité, parce que, si l’on se sert de grand papier, et s’il y a huit volumes, comme le prétendent MM. Cramer, les frais iront à cinquante mille livres.

J’avais écrit à monsieur le coadjuteur[1], en le remerciant de la bonté qu’il a eue de m’envoyer son discours, et à M. Watelet[2], connu par son goût pour les arts, et par ses talents : je n’en ai point eu de réponse. Je vous avouerai qu’il serait honteux pour l’Académie, dont tant de grands seigneurs sont membres, que des fermiers généraux fissent plus qu’elle en cette occasion : cela jetterait même sur notre compagnie un ridicule dont les Frérons n’abuseraient que trop. M. l’archevêque de Lyon[3] souscrira comme le cardinal de Bernis ; mais pour imprimer son nom dans la liste, il convient qu’il soit appuyé de celui du coadjuteur de Strasbourg, et du précepteur de M. le duc de Bourgogne[4]. C’est ce que vous pouvez proposer, monsieur, avec plus de bienséance que personne, dans la place où vous êtes.

Sera-t-il dit que nos grands seigneurs ne viendront à l’Académie que le jour de leur réception, qu’ils se contenteront de faire un discours, et qu’ils dédaigneront d’entrer dans un des-

  1. Louis-René-Édouard de Rohan, coadjuteur de Strasbourbg, reçu le 11 Juin 1761 ; né en 1734, mort en 1803. La lettre est perdue. (B.)
  2. Cette lettre manque aussi.
  3. Montazet.
  4. Coëtlosquet.