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meilleurs yeux et une santé plus robuste. J’espère pourtant que nous viendrons à bout de tout, avec la protection du petit nombre d’hommes qui suivra l’exemple généreux de M.  le prince de Condé.

L’ouvrage sera beaucoup plus considérable que je ne croyais ; il contiendra cinq ou six volumes in-4°. J’ai déjà commenté le Ciel, Horace, Cinna, Pampre, Polyeucte, Rodogune, et Héraclius, et si je peux me rétablir, le reste suivra bientôt. Les libraires m’ont fait apercevoir qu’il sera impossible d’orner ces ouvrages d’estampes ; que chaque exemplaire coûterait alors six louis d’or au lieu de deux. Quoi qu’il arrive, je donnerai mon temps et mon argent pour le succès d’une entreprise que je crois honorable et utile à la nation. Le désintéressement des frères Cramer, qui entreprennent l’édition sous mes yeux, leur fait un honneur qui est assez rare dans cette profession. J’espère que tout se passera d’une manière qui ne déplaira pas au public.

Permettez-moi, monsieur, de vous marquer ma surprise sur ce que vous me mandez au sujet de la lettre de M.  le prince de Condé. Il faut qu’il y ait quelque méprise, et qu’il s’agisse apparemment de quelque autre lettre que Son Altesse sérénissime aura écrite à quelque étranger sur des objets importants : car il n’y a pas d’apparence qu’un Français ait jamais publié une lettre d’un prince tel que lui, sur quelque objet que ce puisse être, sans lui en demander la permission ; et ce sont même des permissions que les hommes qui connaissent leur devoir se gardent bien de demander. Je vous supplie, monsieur, de lui présenter mon profond respect et mes vœux sincères pour des succès dignes de son nom et de son courage.

Vous ne doutez pas, monsieur, des sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être votre très-humble et très-obéissant serviteur.


4636. — À M.  DAMILAVILLE.
Le 15 auguste.

Que les frères m’accusent de paresse, s’ils l’osent. J’ai tout Corneille sur les bras, l’Histoire générale des Mœurs, le Czar, Jeanne, etc., etc., et vingt lettres par jour à répondre. Il faut écrire à M.  de La Fargue[1] et je ne sais où le prendre. Il me semble que frère Thieriot sait sa demeure ; il s’agit de ses vers, cela est important. Comment va l’Encyclopédie ? cela est un peu plus important.

  1. Voyez lettre 4641.