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l’Académie[1] ; je ne savais pas que je dusse joindre le sentiment de la reconnaissance à celui de l’estime que vous m’inspiriez. Je vous félicite, monsieur, d’être en relations avec M. Duverney. Il forme un séminaire de gens[2] dont quelques-uns demanderont probablement un jour à M. Laurent des bras et des jambes. La noblesse française aime fort à se les faire casser pour son maître.

Je fais aussi mon compliment à M. Duverney d’aimer un homme de votre mérite. Il en a trop pour ne pas distinguer le vôtre. Je me vante aussi, monsieur, d’avoir celui de sentir tout ce que vous valez. Recevez mes remerciements, non-seulement de ce que vous avez bien voulu m’envoyer vos ouvrages, mais de ce que vous en faites de si bons.

J’ai l’honneur d’être, etc.


4578. — À M.  DAMILAVILLE.
Le 19 juin.

En voyant la mine de ce pauvre abbé du Resnel[3] je n’ai pu m’empêcher de dire :


Quoiqu’il eût cette mine, il fit pourtant des vers ;
fut prêtre, mais philosophe ;
Philosophe pour lui, se cachant des pervers.
Que n’ai-je été de cette étoffe !


Frère Thieriot n’aura pas autre chose de moi. Il n’y a pas moyen de faire une inscription, à moins qu’elle ne soit un peu piquante, et je ne trouve rien de piquant à dire sur l’abbé du Resnel. C’était un homme aimable dans la société ; je le regrette de tout mon cœur, je le suivrai bientôt, et puis c’est tout.

J’ai pris la liberté d’envoyer sous votre enveloppe une lettre[4] pour M. Héron, dans laquelle je lui demande une grâce qui m’est très-nécessaire : c’est de vouloir bien me faire parvenir une ordonnance du roi qui défend aux archevêques et aux évêques de prendre des curés pour leurs promoteurs ou officiaux. Cette loi, qui est de 1627, me paraît fort sage : c’est ce qui fait qu’elle

  1. Épître sur l’utilité de la retraite pour les gens de lettres.
  2. L’École militaire.
  3. Mort le 25 février 1761.
  4. Elle manque. (B.)