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feront un fonds considérable. Vous verrez qu’elle finira par tenir une bonne maison.

Je suis fâché de ne pas voir le nom de monseigneur le prince de Conti dans la liste de ses souscripteurs.

Voici ce qu’on m’écrit de Marseille. L’abbé de La Coste est mort à Toulon[1] et laisse une place vacante. On ajoute :


La Coste est mort. Il vaque dans Toulon,
Par cette perte, un emploi d’importance.
Le bénéfice exige résidence.
Et tout Paris vient d’y nommer Fréron.


Permettez que je vous embrasse sans cérémonie.


Voltaire.

4561. — À M. DE CHENEVIÈRES[2].
1er juin.

On m’a dit, mon cher ami, que Mme de Paulmy[3] mérite les jolis vers que vous avez faits pour elle. Je ne crois pas qu’elle en reçoive de pareils des palatins et des starostes.

Il y a bien longtemps que je ne vous ai donné signe de vie ; mais c’est que je ne suis pas en vie. J’ai été accablé de mille petites affaires qui font mourir en détail : les procès inévitables quand on a des terres, des défrichements, des dessèchements de marais.

Est-il bien vrai que M. de Bussy est parti pour l’Angleterre[4] ? Nous aurons donc la paix, et nous en aurons l’obligation à M. le duc de Choiseul. Que de fêtes et que de mauvais vers il essuiera, du moins de ma part !

  1. Emmanuel-Jean de La Coste, moine célestin, quitta son couvent. Revenu en France, et y vivant d’industrie, il imagina une loterie établie chez l’étranger, fit des dupes, et fut, le 28 août 1760, condamné par le lieutenant général de police au carcan pendant trois jours, à la marque, et aux galères à perpétuité. Il mourut avant d’y arriver. J’ai sous les yeux une gravure du temps, qui le représente debout, attaché au carcan. (B.)
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Femme du marquis de Paulmy, ambassadeur en Pologne, et fille du président Fyot de La Marche.
  4. Bussy, premier commis aux affaires étrangères, venait, en effet, de partir. Le même jour 23 mai, qu’il s’embarquait à Calais, l’envoyé anglais Stanley s’embarquait à Douvres pour Versailles. (G. A.)