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4553. — À M.  BERTRAND.
Ferney, 24 mai.

M. de Voltaire et Mme  Denis seront enchantés de revoir M.  Bertrand. Ils lui enverraient un carrosse s’ils avaient actuellement des chevaux à leur disposition. Sitôt que les chevaux seront revenus, on sera aux ordres de M. Bertrand. V.


4554. — À M.  JEAN SCHOUVALOW.
Ferney, par Genève, 24 mai.

Monsieur, j’ai reçu par Mme  la comtesse de Bentinck, digne d’être connue de vous et d’être votre amie, la lettre dont vous m’avez honoré en date du 11-22 avril. Je savais déjà, monsieur, que vous aviez reçu sept lettres à la fois de M. de Soltikof, écrites en divers temps. Je vous en ai écrit plus de douze depuis le commencement de l’année[1]. Il y a longtemps que Votre Excellence m’a fait l’honneur de m’écrire que les infidèles dans les postes et dans les voitures publiques sont une suite des fléaux de la guerre ; je m’en suis aperçu plus d’une fois avec douleur. La triste aventure de M. Pouschkin a été encore un nouvel obstacle à notre correspondance, et à la continuation des travaux auxquels je me suis voué avec tant de zèle. J’ai tout abandonné[2], pour m’occuper uniquement du second tome de l’Histoire de Pierre le Grand. J’ai été assez heureux pour trouver à acheter les manuscrits d’un homme qui avait demeuré très-lontemps en Russie. Je me suis procuré encore la plupart des négociations du comte de Bassevitz. Aidé de ces matériaux, j’en ai supprimé tout ce qui pourrait être défavorable, et j’en ai tiré ce qui pourrait relever la gloire de votre patrie. Je vais porter quelques nouveaux cahiers à M. de Soltikof. Je vous jure que si j’avais eu de la santé, je vous aurais épargné, et à moi-même, tant de peines et tant d’inquiétudes ; j’aurais fait le voyage de Pétersbourg, soit avec M. le marquis de L’Hospital, soit avec M. le baron de Breteuil ; mais puisque la consolation de vous faire ma cour, de recevoir vos ordres de bouche, et de travailler sous vos yeux, m’est refusée, je tâcherai d’y suppléer de loin, en vous servant autant que je le pourrai.

  1. On n’en a que deux ; voyez lettres 4410 et [[Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4505 |4505]].
  2. Il avait interrompu son travail sur les tragédies de P. Corneille.