Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait son Électre aprés celle de Sophocle ; mais enfin il fut joué ; on ne lui fit pas un crime d’avoir travaillé sur le même sujet, on ne voulut pas le perdre auprès de Mme  de Pompadour. Mon Pammène ne vaut pas le Palamède de Crébillon ; mais peut-être ma Clytemnestre vaut mieux que la sienne ; et c’est quelque chose d’avoir fait cinq actes sans amour, quand on est Français. Si Mlle  Dumesnil s’imagine que Clytemnestre n’est pas le premier rôle, elle se trompe ; mais il faut que {{Mlle} Clairon soit persuadée que le premier est Électre. Je mets le tout à l’ombre de vos ailes. Signalez vos bontés et votre crédit.

M.  le duc de La Vallière, tout grave auteur qu’il est, m’a donc trompé[1]. Voilà de la pâture pour les Fréron. Heureusement, je connais des sermons tout aussi ridicules que le Recueil des Facéties, et j’en ferai usage pour l’édification du prochain. Pour l’amour de Dieu, dites-moi ce que vous pensez de la paix. Pour moi, je ne l’attends pas si tôt.

Est-il bien vrai que l’abbé Coyer soit exilé[2], et que son approbateur soit en prison ? Et pourquoi ? qu’a-t-on donc vu ou voulu voir dans l’Histoire de Sobieski[3] qui puisse mériter cette sévérité ? S’agit-il de religion ? la fureur du fanatisme a-t-elle pu être portée jusqu’à trouver partout des prétextes de persécution ? que diront nos pauvres philosophes ? dans quel pays des singes et des tigres êtes-vous ? Mes chers anges, que ne pouvez-vous être les anges exterminateurs des sots !


4509. — À M.  FYOT DE LA MARCHE[4].
(fils).
Aux Délices, par Genève, 1er avril 1761.

Monsieur, je vous demande très-humblement pardon de ne vous point écrire de ma main, mais c’est que je suis très-malade ; mais j’ai une plus grande indulgence à vous demander pour le fatras que j’ai pris la liberté de vous offrir. J’aurais bien mieux fait, monsieur, de venir vous faire ma cour, à vous et à monsieur votre père, dans le temps de vos vacances : car il me paraît que

  1. Voyez tome XXIV, page 191.
  2. Coyer (Gabriel-François), né à Beaume-les-Dames en 1707, mort en 1782, avait reçu l’ordre de quitter Paris, et alla voir Voltaire (voyez lettre 4663). Le censeur ou approbateur de son livre était Coqueley, à qui est adressée la lettre du 24 auguste 1767.
  3. 1761, trois volumes in-12.
  4. Éditeur, H. Beaune.