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De leurs ennuyeux arguments
De Baïus quelque paraphrase.
Sur mon bidet, nommé Pégase,
J’éclabousse un peu ces pédants ;
Mais il faut que je les écrase
          En riant.


Laissons là ce rondeau ; ce n’est pas la peine de le finir ; le temps est trop cher. M.  le chevalier de Maudave m’a donné des commentaires sur le Veidam qui en valent bien d’autres. Il m’a donné de plus un dieu qui en vaut bien un autre : c’est le Phallum[1]. Il m’a l’air d’en porter sur lui une belle copie.

Duclos m’a envoyé le T, pour rapetasser cette partie du Dictionnaire[2], Signa T super caput dolentium[3]. Je n’ai pas encore eu le temps d’y travailler ; il nous faut jouer la comédie deux fois par semaine. Nous avons eu dans notre trou quarante-neuf personnes à souper qui parlaient toutes à la fois, comme dans l’Écossaise : cela rompt le chaînon des études. Je donnerais ces quarante-neuf convives pour vous avoir. À propos, vous frondez la perruque[4] de Boileau ; vous avez la tête bien près du bonnet. S’il avait fait une épître à sa perruque, bon ; mais il en parle en un demi-vers, pour exprimer, en passant, une chose difficile à dire dans une épître morale et utile.

Si j’ai le temps et le génie, je ferai une épître[5] à Clairon, et je vous promets de n’y point parler de ma perruque.

Il n’y a point de metum Judæorum[6] ; nous avons ici deux maîtres des requêtes qui m’ont annoncé M.  Turgot. Nous allons avoir un conseiller de grand’chambre[7] ; c’est dommage qu’Omer Joly de Fleury n’y vienne pas.

Luc est remonté sur sa bête, et sa bête est Daun[8].

Aimez-moi un peu ; et, s’il y a à Paris quelque bonne et grave impertinence, ne me la laissez pas ignorer.

  1. Ou Phallus. Voyez ce qu’en dit Voltaire, tome XXIX, page 103.
  2. Le Dictionnaire de l’Académie. (Cl.) — Le travail de Voltaire sur la lettre T pour le Dictionnaire de l’Académie a été mis, par les éditeurs de Kehl, dans le Dictionnaire philosophique ; voyez tome XX.
  3. Ezéchiel, chap. ix, v. 4.
  4. D’Alembert prétendait, dans ses Réflexions sur la Poésie, que Boileau avait avili la langue des dieux en exprimant poétiquement sa perruque. Voltaire, avec raison, prend ici le parti des faux cheveux blonds du législateur du Parnasse. Voyez l’Épître x de Boileau à mes vers, v. 26. (Cl.)
  5. C’est à quoi l’avait engagé d’Alembert dans la lettre 4267.
  6. Jean, vii, 13.
  7. L’abbé d’Espagnac.
  8. Voyez tome XL, page 525.