Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coups de bâton en présence de M. Corneille le père, ce sera toujours au moins une petite consolation de démontrer dans tous les journaux qu’il n’est qu’un lâche calomniateur.

Je vois bien qui sont les gens dont vous me parlez, qui se donnent le petit plaisir de faire aboyer ce misérable ; mais les jésuites ont très-grand tort avec moi : il ne tenait qu’à eux de faire taire leur frère Berthier ; les rieurs ne sont pas pour eux, et je fais pis que de me moquer d’eux, puisque je viens de les chasser d’un domaine qu’ils avaient usurpé sur des orphelins. C’est toujours quelque chose d’avoir fait une telle blessure à une des têtes de l’hydre. Puissent les fanatiques et les hypocrites être écrasés ! Mais quand on ne peut les exterminer, il faut vivre loin d’eux. Cependant il est dur d’être en même temps loin de vous.

Votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

4464. — À M. DUPONT.
Aux Délices, 15 février.

Mon cher Dupont, je vous plains bien d’être où vous êtes : vous avez trop d’esprit pour être heureux à Colmar. Que n’êtes-vous à la place des sots dont Paris abonde ! Vous nous en déferiez.

Voici deux petits rogatons[1] pour vous amuser : c’est tout ce qu’on m’a envoyé de plus nouveau.

Adieu. Croyez bien fermement que je vous aimerai toute ma vie. V.


4465. — À M. LE CONSEILLER LE BAULT[2].
Au Délices, 16 février 1761.

Vous me permettrez, monsieur, de vous importuner sur la malheureuse affaire du sieur Decroze. Il joint à la douleur d’avoir vu son fils prêt de mourir par un assassinat, celle de voir

  1. Probablement les Lettres sur la Nouvelle Héloïse et les Anecdotes sur Fréron ; voyez tome XXIV.
  2. Éditeyr, de Mandat-Grancey. — Pareille lettre, dans la publication de M. Foisset sur Voltaire et le président de Brosses, est adressée à M. de Ruffey. Aussi cette pièce est-elle en entier de la main d’un secrétaire, mais signée, puis datée par Voltaire lui-même, qui l’a certainement relue. (Note du premier éditeur.)