Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est un service que j’ai rendu à l’Académie et aux lettres, et je vous prie de croire que cela ne m’a pas beaucoup coûté.

J’ai fait partir de Saint-Claude deux petits ballots de mes rêveries, l’un à monsieur le premier président, l’autre à monsieur le procureur général. Je les suppose arrivés. Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien en donner avis à M. de Quintin quand vous le verrez. Je ne lui écris point. Il ne faut pas lettres inutiles aux hommes en place. Je ne demande pas que monsieur votre fils m’honore des mêmes bontés que vous ; mais je me flatte qu’il en aura toujours un peu. Je sais qu’il est digne du plus respectable et du plus aimable des pères. Daignez ne me pas oublier auprès de M. de Ruffey ; il m’a paru qu’il a un cœur fait pour vous.

Mille très-tendres respects.


Votre contemporain V.

4453. — À M. LE BRUN.
À Ferney, 6 février.

Mon cher correspondant saura que le lieutenant de police envoya ordre à ce nommé Fréron, il y a un mois, de venir chez lui, et qu’il lui lava sa tête d’âne, au sujet de Mlle Corneille. C’est à Mme Sauvigny[1] que nous en avons l’obligation ; je croyais que M. Le Brun en était instruit.

J’attends l’Ane littéraire[2] avec bien de l’impatience.

Les Anecdotes[3] sur Fréron sont du sieur La Harpe, jadis son associé, et friponné par lui. Thieriot m’a envoyé ces Anecdotes écrites de la main de La Harpe.

Voici quelques exemplaires qui me restent. On m’assure que tous les faits sont vrais.

Le d’Arnaud[4] dont vous me parlez, monsieur, a été nourri et pensionné par moi, à Paris, pendant trois ans. C’était l’abbé Moussinot, chanoine de Saint-Merry, qui payait la rente-pension que je lui faisais. Je le fis aller à la cour du roi de Prusse ; dès lors il devint ingrat : cela est dans la règle.

  1. Mme Berthier de Sauvigny, femme de l’intendant de Paris, sœur de Durey de Morsan. Voltaire fut en correspondance avec elle.
  2. L’Ane littéraire, ou les Aneries de Me Aliboron, dit Fr. (Fréron), devait se publier tous les quinze jours par cahier de 72 pages in-12. Je crois que la collection se compose d’un seul volume in-12 de iv et 129 pages, que j’ai sous les yeux. Le Brun en était l’auteur. (B.)
  3. Voyez tome XXIV, paye 181.
  4. Baculard d’Arnaud.