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4401. — À MADAME BELOT[1].
1761.

Voltaire est honteux de faire coûter des ports de lettres à Mme  B. V. lui a envoyé un Pierre. Messieurs de la poste retiennent tous les livres reliés. On ne sait plus comment faire ; tout commerce périt. V. serait fort aise que Mme  B. se partageât entre le Perche et les Alpes ; mais le Perche est voisin, et les Alpes sont bien loin, et le mont Jura est un rude seigneur avec ses neiges. Si Mme  B. voit le philosophe très-aimable H.[2], elle est suppliée de lui dire que son frère V. est son plus zélé partisan, plein de la plus tendre estime pour lui. Il avait envoyé au philosophe H. et au philosophe Spartacus[3] un Pierre ; tout est arrêté à la poste. V. gémit de loin sur Jérusalem.


4402. — À M.  DE CHENEVIÈRES[4].
Ferney, 4 janvier[5].

Je suis honteux ; je me mettrais dans un trou de souris, mon cher correspondant. Je ne réponds qu’en vile prose et qu’en courant à vos aimables vers. Voilà comme sont faits les maçons et les laboureurs, et j’ai l’honneur de l’être. Voulez-vous bien pourtant me mander s’il est vrai qu’on ait joué à Versailles cette Femme qui a raison qu’on m’impute, et qui est détestablement imprimée ? Le tiers de cet ouvrage est à peine de ma façon. Je souffre très-patiemment qu’on me persécute, mais je ne souffre pas qu’on me rende ridicule.

J’ai envoyé à M.  Sénac un mémoire qui semble concerner son ministère : il s’agit d’un marais qui met la peste dans mon petit pays. M.  Sénac ne se soucie pas qu’on meure entre le mont Jura et les Alpes ; il ne me répond pas.

J’embrasse mon cher correspondant.

  1. Éditeurs, Bavoux et François.
  2. Helvétius.
  3. Saurin.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.
  5. Cette lettre est de 1761 et non de 1763. (G. A.)