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tises, ou folles, ou sérieuses, ou tragiques, ou comiques, permettez-moi, mes chers anges, d’exiger que celui des comédiens ne s’y trouve pas plus que le mien. À quoi sert-il de savoir qu’un nommé Brizard a joué platement mon plat père ? qu’est-ce que cela fait aux lecteurs ? J’ai une aversion invincible pour cette coutume nouvellement introduite.

Mes anges, je commence à souhaiter la paix. Il est vrai que je fais chez moi la guerre aux jésuites, mais elle ne coûte rien ; je les chasse, et je triomphe. Mais la guerre contre les Anglais vous ruine, et c’est vous qu’on chasse. J’attends avec impatience ce qui adviendra, dans votre tripot, de la convocation des pairs.


La montagne en travail enfante une souris.

(La Fontaine, liv. V, fab. x.)

Daignez me mander des nouvelles de l’Écossaise, et des rogatons que je vous ai envoyés. Je souhaite à Térée beaucoup de prospérités, et que les vers de Philomèle soient le chant du rossignol. Mais M. Lemierre a-t-il reçu une certaine lettre[1] que je pris la liberté d’adresser à M. d’Argental, ne sachant pas la demeure du père de Térèe ? Pardon, je dois vous excéder.



4378. — À M. PRAULT FILS[2].

M. de Voltaire a reçu la lettre de M. Prault, et la tragédie de Tancrède imprimée avec l’Épître. Il remercie M. Prault de l’attention qu’il a eue de ne point faire tirer les feuilles imprimées ; elles sont pleines de fautes, d’omissions, et de contre-sens ; cela ne pouvait être autrement, presque chaque acteur s’étant donné la liberté d’arranger son rôle à sa fantaisie, pour faire valoir ses talents particuliers aux dépens de la pièce, et l’auteur n’ayant plus reconnu son ouvrage lorsqu’on lui envoya le détestable manuscrit qui était entre les mains des comédiens.

Les divers changements qu’il envoya pour réparer ce désordre augmentèrent encore la confusion ; on joignit ce qu’on devait séparer, et on sépara ce qu’on devait joindre ; on ôta ce qu’on devait garder, et on garda ce qu’on devait ôter. M. Prault peut

  1. Citée dans la lettre 4314, et dans quelques autres.
  2. Nous croyons que cette lettre est à sa place plutôt ici qu’en avant de la lettre à d’Argental du 25 novembre, où elle est ordinairement placée. (G. A.)