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reux qu’on puisse l’être sur la terre. Il ne manque à mon bonheur que de pouvoir vous rencontrer et vous témoigner mes sentiments. J’aurais eu beaucoup plus de plaisir à vous entretenir de physique, et à m’entretenir avec vous, qu’à vous parler de toutes ces pauvretés. Vous devez les mépriser autant que je les dédaigne. Je vous souhaite autant de plaisir dans votre terre que j’en ai dans les miennes, et me flatte qu’un homme qui a autant d’estime pour vous que j’en ai doit avoir quelque part à vos bontés, le tout sans cérémonie.


3812. — À M.  DUPONT,
avocat.
Au château de Tournay, 24 mars.

Le conseil soussigné est toujours d’avis qu’il faut porter Goll et les Goll à s’accommoder ; que M.  Dupont peut avoir des occasions de leur parler, et de les faire trembler sur l’événement du procès ; que, pendant la guerre, il ne sera pas permis d’attaquer M.  le prince de Beaufremont, et qu’après la paix il sera très-dangereux de l’attaquer. Ledit conseil se fera fort de faire donner cinquante louis à M.  Dupont, par le prince, pour ses peines ; il faut que les Goll en donnent autant ; nous les amènerons là, ou je ne pourrai, car je veux que mon ami ait cent louis d’or de cette affaire, et que tout soit fini. J’ai trois terres, et trois procès au conseil ; tout cela m’amuse.

Je ne connais point de traité sur l’optimisme, mais une espèce de petit roman du chevalier de Mouhy[1], intitulé Candide ou l’Optimisme. Je l’adresse avec cette lettre à M.  Dupont, par le canal de M.  Defresnei[2]. Le prêtre de Belzébuth qui s’enivre avec des jésuites pourra peut-être être assez ivre pour écrire contre ce roman, avec l’aide du recteur allemand. Ce recteur[3] d’ailleurs est le plus impudent personnage, et le plus sot cuistre de l’Europe.

Mille compliments à Mme  Dupont ; le conseil embrasse tous les petits enfants. V.

  1. Voltaire l’avait, en 1738, chargé de l’impression du Préservatif ; voyez tome XXII, page 371.
  2. Fils de la directrice des postes de Strasbourg ; une lettre de Voltaire, du 18 juin 1764, lui est adressée.
  3. Kroust, frère du jésuite qui confessait encore à cette époque madame la dauphine.