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4276. — À M. GOLDONI[1].
À Ferney, 24 septembre.

Signor mio, pittore e figlio della natura, vi amo dal tempo ch’io leggo. Ho veduta la vostra anima nelle vostre opere. Ho detto : Ecco un uomo onesto e buono che ha purificato la scena italiana, che inventa colla fantasia e scrive col senno. Oh ! che fecondità, mio signore ! che purità ! come lo stile mi pare naturale, faceto ed amabile ! avete riscottato la vostra patria dalle mani degli arlecchini. Vorrei intitolare le vostre commedie : L’italia librrata da’Goti[2]. La vostra amicizia m’onora, m’incanta. Ne sono obligato al signor senatore Albergati, e voi dovete tutti i miei sentimenti a voi solo.

Vi auguro la vita la più lunga e la più felice, giacchè non potete essere immortale, come il vostro nome. Voi pensate a farmi un onore, e già m’avete fatto il più gran piacere[3].

J’use, mon cher monsieur, de la liberté française en vous protestant sans cérémonie que vous avez en moi le partisan le plus déclaré, l’admirateur le plus sincère, et déjà le meilleur ami que vous puissiez avoir en France.

Cela vaut mieux que d’être votre très-humble et très-obéissant serviteur.

  1. Charles Goldoni, né à Venise en 1707. parti de Venise en avril 1762 (dans ses Mémoires on lit 1761, mais ce doit être une faute d’impression, puisque, pendant son voyage, il apprit la réunion de la Comédie Italienne et de l’Opéra-Comique, qui est du 3 février 1762), ne devait rester que deux ans à Paris. Il y est mort en 1793. Ses compatriotes l’appellent le Molière italien : Voltaire l’appelait le peintre de la nature ; voyez la lettre 4156.
  2. L’italia liberata da Goti (ou Gotti) est le titre d’un poëme de Trissino.
  3. Traduction : Monsieur, je vous aime, vous le peintre et le fils de la nature, depuis que je lis. J’ai vu votre âme dans vos ouvrages. J’ai dit : Voilà un homme honnête et bon, qui a purifié la scène italienne, qui crée avec l’imagination et écrit avec le bon sens. Oh ! quelle fécondité, monsieur ! quelle pureté ! comme le style en paraît naturel, plaisant et aimable ! Vous avez arraché votre patrie aux mains des Arlequins. Je voudrais intituler vos comédies : L’Italie délivrée des Goths. Votre amitié m’honore, m’enchante. J’en suis l’obligé à M. le sénateur Albergati, et vous devez à vous seul tous mes sentiments.

    Je vous souhaite la vie la plus longue et la plus heureuse, bien que vous ne puissiez pas être immortel comme votre nom. Vous pensez à me faire honneur, et déjà vous m’avez fait le plus grand plaisir.