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et de la rue Trousse-Vache ; et le Breton a été obligé de faire assigner ses accusateurs au Châtelet de Paris.

Les rois méprisent toutes ces petites querelles, ils font le bien général, tandis que leurs sujets, animés les uns contre les autres, font les maux particuliers. Un grand roi tel que vous, sire, n’est ni janséniste, ni moliniste, ni anti-encyclopédiste ; il n’est d’aucune faction ; il ne prend parti ni pour ni contre un dictionnaire : il rend la raison respectable, et toutes les factions ridicules ; il tâche de rendre les jésuites utiles en Lorraine, quand ils sont chassés du Portugal ; il donne douze mille livres de rente, une belle maison, une bonne cave à notre cher Menoux, afin qu’il fasse du bien ; il sait que la vertu et la religion consistent dans les bonnes œuvres, et non pas dans les disputes ; il se fait bénir, et les calomniateurs se font détester.

Je me souviendrai toujours, sire, avec la plus tendre et la plus respectueuse reconnaissance, des jours heureux que j’ai passés dans vos palais ; je me souviendrai que vous daigniez faire le charme de la société, comme vous faisiez la félicité de vos peuples ; et que, si c’était un bonheur de dépendre de vous, c’en était un plus grand de vous approcher.

Je souhaite à Votre Majesté que votre vie, utile au monde, s’étende au delà des bornes ordinaires. Aurengzeb et Muley-Ismaël ont vécu l’un et l’autre au delà de cent cinq ans[1] ; si Dieu accorde de si longs jours à des princes infidèles, que ne fera-t-il point pour Stanislas le Bienfaisant ? Je suis avec le plus profond respect, etc.

    parvenus plus tôt, et que nous serions fâchés qu’elle donnât de mauvaises impressions contre ses sentiments et son respect pour la religion. » L’abbé Trublet publia, à l’occasion de cette note, une lettre dans laquelle il dit : « M. de Saint-Foix s’est plaint, et on lui a fait réparation ; mais, comme je n’avais eu aucune part à la lettre critique de ses Essais historiques sur Paris, je n’en ai aucune non plus à l’avis des journalistes au sujet de cette lettre ; et je n’ai connu l’une et l’autre qu’en les lisant dans le journal de mai et dans celui d’août. MM.  les abbés Joannet et Dinouart auraient donc dû ne parler qu’en leurs noms et signer leur avis, etc., etc. » Trublet ajoute dans une apostille : « Depuis ma lettre écrite, j’ai lu celle de M.  de Voltaire au roi Stanislas et j’y ai trouvé ces mots : un Breton, etc. Il est faux, je le répète, que j’aie été un des accusateurs de M.  de Saint-Foix. » (B.)

  1. Voltaire, dans son Essai sur les Mœurs (voyez tome XIII, page 157), dit qu’Aurengzeb mourut à cent trois ans. Il ne vécut que quatre-vingt-dix années lunaires et treize jours ; et l’année lunaire n’est que de trois cent cinquante quatre jours huit heures quarante-huit minutes. Muley-Ismaël, dont Voltaire (voyez tome XIII, page 140) porte la vie à plus de cent années, n’en a vécu que quatre-vingt et une.