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à la vente de Tournay ? Celui de placer votre argent à dix pour cent à jamais, en faisant du bien à la province.

Il sera très-convenable que je sois syndic pour accélérer la consommation de cette affaire. Ce que je crains et ce que je déteste plus que jamais à mon âge, ce sont les longueurs. Si la chose réussit, je m’engage à vous payer une rente de dix pour cent pour la vente de Tournay, et de cinq pour cent de toutes les autres possessions que vous avez dans le pays sur les prix des baux. Tout cela doit être fait ou manqué avant Pâques ; mais, si la proposition n’est pas acceptée, la vente de Tournay subsistera toujours. Vous jugez bien, monsieur, qu’en vous donnant dix pour cent, vous n’aurez aucune somme comptant en signant le contrat ; ce ne serait pas votre avantage. Les 110,000 livres, prix de Tournay, seront placées dans la somme donnée au roi par la province, et les arrérages vous seront payés sur le pied du denier dix, du produit de ces avances faites au roi, et j’en répondrai. Il faut donc que ces deux affaires marchent ensemble.

Je ne doute pas que monsieur l’intendant de Bourgogne n’appuie la proposition de ces avances, système de tout point préférable à tous les autres. J’aurai l’honneur de vous envoyer le plan rédigé. Votre approbation sera d’un grand poids, et c’est à cette approbation et à vos soins officieux qu’on en devra le succès. Je ne crois pas que monsieur l’intendant revienne sitôt, mais votre influence s’étendra aisément de Dijon à Paris. Vous allez dire : Voilà un homme qui veut être libre aux Délices, et maître à Gex. Oui ; mais maître pour faire du bien, et maître sous vos ordres. V,

La compagnie trouve bon que je m’adresse à vous et vous demande le secret.


4018. — À MADAME D’ÉPINAI.
Aux Délices, par Genève, 7 janvier.

Que faites-vous, madame ? où êtes-vous ? que dites-vous ? comment vous réjouissez-vous ? Est-il vrai que le baron d’Holbach est en Italie, et qu’il reviendra par les Délices ? Ce sera une grande consolation pour moi de trouver un homme à qui je ne pourrai parler que de vous. Vous êtes à mes yeux la Femme qui a raison ; mais le faquin de libraire qui l’a imprimée, et indignement défigurée, en a fait la femme qui a tort. Quoique je fasse peu d’at-