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d’exalter son âme pour voir l’avenir. Quelle plate et détestable comédie que celle de ce monde !


Sum felix tamen, o superi : nullique potestas
Ilæc auferre Deo · · · · · · · · · ·


Je vous en souhaite autant, etc ; vale. V.


4017. — À M.  LE PRÉSIDENT DE BROSSES[1].
7 janvier.

Le sieur Girod, monsieur, n’a pu encore signer avec moi ; mais il m’a donné votre parole, et je suis entièrement à vos ordres. Il y a quelques préliminaires dont il est essentiel que je m’assure. J’ai besoin, comme vous le savez, de M.  le duc de Choiseul et de M.  l’abbé d’Espagnac[2].

Mais il y a une affaire considérable qui se présente, et dont je ne peux m’ouvrir au sieur Girod. Elle pourrait vous être d’un très-grand avantage. Il faudrait probablement me céder le syndicat, et nommer ainsi un autre syndic du tiers état que le sieur de Bosson. Je demanderais aussi la capitainerie des chasses. Ce sont deux petits préalables de peu de conséquence qui mettront plus de convenance dans l’affaire dont je vous parle.

Il s’agirait, monsieur, d’un arrangement pour le pays de Gex[3], d’un abonnement qu’on ferait avec les fermiers généraux, d’une compagnie qui fournirait aux fermes générales ou au roi une forte somme moyennant laquelle tout le pays serait purgé de quatre-vingts sbires qui le désolent en pure perte ; le sel et le tabac seraient libres. Il y a longtemps qu’on propose un arrangement ; mais celui qu’on a présenté en dernier lieu ne me paraît avantageux pour personne. On a proposé une taxe, une espèce de capitation sur chaque individu, homme ou bétail, pour racheter chaque année des fermes générales la liberté du pays. C’est là une autre sorte d’esclavage qu’on propose pour être libre, et un nouvel appauvrissement pour être à son aise. Je vois bien qu’on ne prend ce parti que parce qu’on manque d’argent pour faire tout d’un coup une grande et bonne affaire. On trouvera de l’argent, et il ne faut pas manquer cette occasion. Vous dites sans doute, monsieur, en lisant ceci : Quel rapport cela peut-il avoir

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Chef du conseil du comte de La Marche.
  3. Voyez la lettre à Mme  d’Épinai n° 4040.