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cet hiver ? pourquoi ne pas entendre les cris de Clytemnestre[1] ? ne faut-il rien hasarder ? Mille tendres respects à Mme Scaliger.


4010. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[2].
Aux Délices, 25 décembre, et n’a pu partir que le 29.

Madame, j’ai reçu la lettre par laquelle Votre Altesse sérénissime daigne m’instruire que Mlle Pertris approuve mes démarches auprès de son banquier. Je crois qu’il ne tient qu’à lui de s’accommoder avec ses créanciers. Il m’a écrit par un correspondant. J’avoue, madame, que je ne m’entends point du tout à ces sortes d’affaires. Je ne fais que rapporter des paroles avec simplicité et fidélité, pour le bien de deux ou trois familles. Je sais que je ne suis qu’un pauvre laboureur qui cultive en paix quelques arpents, et qui est fort heureux de manger les fruits de ses terres. Les affaires de finance me sont aussi étrangères que celles de la guerre. J’ai actuellement environ deux lieues de pays à gouverner, et je ne conçois pas comment on en peut gouverner davantage par soi-même. Mais il me semble que si les hommes étaient moins fous et moins méchants qu’ils ne sont, chacun cultiverait ses champs sans dévaster ceux de ses voisins.

Je ne manquerai pas, madame, d’envoyer par la première occasion, aux pieds de Votre Altesse sérénissime, la copie de la nouvelle pièce que nous avons jouée dans un de mes petits hameaux. Grande maîtresse des cœurs, j’implore votre appui ; secourez-moi auprès de madame la duchesse, et si je l’ennuie, obtenez ma grâce.

Je souhaite à Vos Altesses sérénissimes, pour l’année 1760, l’éloignement de tout housard, de tout pandour et de tout kalmouk ; un bonheur tel que vous le méritez, et tous les avantages qui sont dus à votre auguste maison. Le peu d’années que j’ai encore à vivre seront consacrées, madame, à vous témoigner mon profond respect et mon attachement inviolable.


4011. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
Aux Délices, 28 décembre.

Jouissez de la santé, madame, l’année 1760 ; n’ayez point mal aux yeux, comme moi, qui ne peux vous écrire de ma main.

  1. Dans la tragédie d’Oreste.
  2. Éditeurs, Bavoux et François.