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ment libre. Elle vous est absolument consacrée dans le fond de mon cœur, avec le respect le plus tendre et l’attachement le plus inviolable.


3751. — À M.  COLINI.
Aux Délices, 16 janvier.

Comme j’ai ici toutes les pièces, je vais faire dresser un Mémoire. Il faudra d’abord que vous fassiez assigner Schmidt pardevant le conseil de Francfort, en réparation de votre arrêt injuste ; que vous redemandiez deux mille écus qu’on vous vola, et vingt mille francs en dépens, dommages et intérêts. La ville déniera justice, et alors je me fais fort de faire condamner Schmidt à Vienne, sans qu’il vous en coûte rien.

Mes compliments à Mme  de Lutzelbourg. Je n’ai pas un moment à moi ; je vous embrasse de tout mon cœur. V.


3752. — DE MADAME LA MARGRAVE DE BADE-DOURLACH.
À Carlsruhe, le 17 janvier.

Monsieur, je commets peut-être une indiscrétion de vous dérober des moments dont vous savez faire un meilleur usage ; mais pouvez-vous penser que je puisse recevoir vos vers[1] charmants, que j’admire en rougissant, et en étouffer ma reconnaissance ? Non, en vérité, je ne le puis. Je ne suis pas digne de votre lyre, monsieur, je le sais, mais réellement de votre amitié. Ne la refusez donc point à l’estime la plus pure et la plus vraie. Je fais de bien sincères vœux pour votre santé. Tout m’y intéresse ; et la promesse que vous me donnez, monsieur, de vous revoir[2] chez nous me les fait redoubler d’ardeur. J’y mets même une telle confiance que je sens déjà toute la joie de pouvoir vous assurer de vive voix de cette considération et de cette estime distinguée que l’on vous doit, et avec lesquelles j’ai l’honneur d’être plus que personne au monde, monsieur, votre, etc.


Caroline, margrave de Bade-Dourlach.

P. S. Le margrave, transporté de joie d’oser espérer de vous revoir cet été, monsieur, et pénétré de vos mérites, m’ordonne de vous tenir compte de ses sentiments, et de vous dire combien il est sensible à ceux que vous voulez bien témoigner pour lui.

  1. Ces vers, et la lettre qui les accompagnait sans doute, nous sont inconnus. (Cl.)
  2. Voltaire, lors de son voyage à Schwetzingen (juillet et août 1758), avait passé par Carlsruhe. (Cl.)