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coup lu, je n’ai trouvé qu’incertitude, mensonge, fanatisme. Je suis à peu près aussi savant sur ce qui regarde notre être que je l’étais en nourrice. J’aime mieux planter, semer, bâtir, meubler, et surtout être libre. Je vous souhaite, pour 1759 et pour 1859, repos et santé. Ce sont les vœux que je fais pour M.  et Mme  de Freudenreich ; présentez-leur, je vous en supplie, mes tendres respects. V.


3747. — À M.  DE BRENLES.
Aux Délices, 9 janvier.

Je suis persuadé, mon cher ami, que vous êtes encore à Ussières. L’été dont nous jouissons dans ce commencement d’hiver ne permet guère à un philosophe d’aller se renfermer dans la prison des villes ; je ne viendrai à Lausanne que quand il gèlera.

Le major d’Hermanches[1] ne veut pas perdre son temps ; il va donner des opéras buffa. J’irai les entendre, mais je ne pourrai profiter longtemps de ces fêtes, et de votre société, qui est pour moi la plus grande fête. Vous croyez avoir mis dans votre dernière lettre la note du prix des livres ; mais, ou vous l’avez oubliée, ou vous l’avez égarée. Je l’ai cherchée pendant deux jours. Vous en souviendrez-vous ?

Adieu, mon cher philosophe ; vous êtes plus heureux à Ussières, et moi aux Délices et à Tournay, que le cardinal de Bernis à son abbaye, le roi de Pologne à Cracovie, et le roi de Prusse courant partout. Vive felix. V.


3748. — À M.  DE CIDEVILLE.
Aux Délices, 12 janvier.

Mon cher ami, je suis malade de bonne chère, de deux terres que je bâtis, de cent ouvriers que je dirige, du cultivateur et du semoir, et de nombre de mauvais livres qui pleuvent. Pardonnez-moi si je ne vous écris pas de ma main[2] : Spiritus quidem promptus est, manus autem infirma[3].

  1. Constant d’Hermanches (ou d’Hermenches), cité dans les lettres 3308 et 3335.
  2. Cette lettre est de la main de Wagnière ; le dernier alinéa seulement est de celle de Voltaire. (Cl.)
  3. Évangile de saint Matthieu, xxvi, 41.