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Comme il faut lire quelquefois après avoir conduit sa charrue et son semoir, dites-moi, je vous en prie, ce que c’est qu’une Histoire des jésuites, ou de la Morale des jésuites, ou des Dogmes des jésuites, prouvés par les faits[1], en trois ou quatre volumes ; en un mot, c’est une compilation de tout ce qu’ils ont fait de mémorable depuis frère Guignard jusqu’à frère Malagrida. J’ai demandé ce livre à Paris, mais je n’en sais pas le titre.

Quid novi ? Comment vous portez-vous ? N’êtes-vous pas gras à lard et assez honnêtement heureux ? Si ita est, congratulor. Farewell, my dear.


3926. — À M. DE BICQUILLEY[2],
Au château de Tournay, en Bourgogne, 17 septembre.

Vous faites mieux des vers, monsieur, que vous ne choisissez vos sujets. Nous sentons bien, vous et moi, que je ne mérite pas les louanges que vous m’avez données ; mais je vous avoue que je suis très-flatté de ne pas déplaire à quelqu’un qui joint la bonne poésie à la bonne philosophie. Je ne suis plus à présent qu’un vieillard retiré du monde, occupé de l’agriculture ; mais je n’en suis pas moins sensible au mérite et aux talents : c’est à ce titre, monsieur, que j’ai l’honneur d’être votre très-humble et très-obéissant serviteur.


3927. — À M. JEAN SCHOUVALOW.
Au château de Tournay, 18 septembre.

Monsieur, j’ai reçu le Panégyrique de Pierre le Grand, que Votre Excellence a eu la bonté de m’envoyer. Il est bien juste qu’un homme de votre Académie chante les louanges de cet empereur. C’est par la même raison que les hommes sont obligés de chanter les louanges de Dieu, car il faut bien louer celui qui nous a formés. Il y a certainement de l’éloquence dans ce panégyrique. Je vois que votre nation se distinguera bientôt par les

  1. Il s’agit peut-être du volume intitulé les Jésuites criminels de lèse-majesté dans la théorie et dans la pratique, 1758, in-12, ou des Étrennes jésuitiques, ou les Jésuites démasqués, ou Annales historiques de la société (par Roussel), petit in-8o, sans date, publié en 1760. Il y a tant d’ouvrages sur les jésuites, et l’indication de Voltaire est si vague, qu’on ne peut rien affirmer. Il est à croire que le second des ouvrages dont je viens de parler est celui dont il est question dans la lettre du 26 avril 1760. (B.)
  2. Officier, homme de lettres, et surtout savant mathématicien. — Éditeurs de Cayrol et François.