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3891. — DE CHARLES-THÉODORE,
électeur palatin.
Schwetzingen, 20 juillet.

Je suis bien mortifié, monsieur, de n’avoir pu jouir de la satisfaction de vous voir ici cet été ; j’espère que ce plaisir n’est qu’un peu reculé. Je vous suis très-obligé de votre nouvelle tragédie[1] ; je l’ai lue avec bien du plaisir, d’autant plus que vous y avez ôté la monotonie de ces vers qui tombent deux à deux pendant cinq actes entiers. Vous y peignez au mieux cet esprit de chevalerie qui, par bonheur, ne subsiste plus. Chaque siècle a ses ridicules, et peut-être le nôtre surpasse ceux des précédents.

J’ai lu, dans le Journal encyclopédique, un Précis de l’Écclésiaste en vers qui vous est attribué. Par les beautés que j’y ai trouvées, je le croirais aisément. Faites-moi le plaisir de me le mander, et soyez toujours persuadé de mon estime particulière pour le petit Suisse.


Charles-Theodore, électeur.

3892. — À MADAME D’ÉPINAI.

Il y a dix ans que je n’ai lu les vers d’Helvétius. S’ils sont mauvais, sa prose ne vaut guère mieux. C’est un fagot vert qui donne un peu de feu et beaucoup de fumée.

Le beau sermon est tout fait pour votre belle âme. Édifiez-vous, ma belle philosopbe, tant qu’il vous plaira ; soyez toujours femme de bien ; et, si vous êtes d’honnêtes gens, vous et votre Bohémien[2], je vous donnerai votre récompense en ce monde, dans quelques jours. Je vous remercie tendrement ; mais votre fermier général n’aime pas les belles-lettres, ou je suis trompé. V.


3893. — À M.  LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[3].
À Tournay, par Genève, 21 juillet 1759.

Je ne sais comment faire, monsieur, pour vous remercier de toutes vos bontés, et pour payer MM.  de la chambre des comptes. Je suis prêt de donner une lettre de change de la somme que la chambre exige. M.  Tronchin, de Lyon, mon banquier, fera toucher l’argent à Dijon, selon les ordres qu’on voudra bien me donner. À qui faut-il adresser l’argent ?

  1. Tancrède en manuscrit. (Cl.)
  2. Grimm.
  3. Éditeur, Th. Foisset.