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plaire ; mais le pucelage de Jeanne me tue. Je vous embrasse mille fois, mon ange.

Je rouvre ma lettre. J’apprends dans l’instant qu’on a encore volé le manuscrit de la Guerre de 1741, qui était dans les mains de M. d’Argenson, de M. de Richelieu, et de Mme de Pompadour. On[1] a porté tout simplement le manuscrit à M. de Malesherbes, qui donne aussi tout simplement un privilège. Je vous conjure de lui en parler, et de l’engager à ne pas favoriser ce nouveau larcin. On dit que cela presse. Je n’ai d’espérance qu’en vous.

Revenons aux Chinois. Grandval, à qui j’ai donné cinquante louis pour le Duc de Foix, refuserait-il de jouer dans l’Orphelin ? Au nom du Tien, arrangez cela avec monsieur le maréchal.


2968. — À M. LE PREMIER SYNDIC[2].
du conseil de genève.
Le 2 août.

Monsieur, vos bontés et celles du Magnifique Conseil m’ayant déterminé à m’établir ici sous sa protection, il ne me reste, en vous renouvelant mes remerciements, que d’assurer mon repos en ayant recours à la justice et à la prudence du Conseil.

Je suis obligé de l’informer que, le 17 du mois de juin, un conseiller d’État de France m’écrivit qu’un nommé Grasset était parti de Paris, chargé d’un manuscrit abominable qu’il voulait imprimer sous mon nom, croyant mal à propos que mon nom servirait à le faire vendre ; on m’envoya de plus la teneur de la lettre écrite de Lausanne par ce Grasset à un facteur de librairie de Paris. J’écrivis incontinent à des magistrats de Lausanne, et je les suppliai d’éclaircir ce fait. On intimida Grasset à Lausanne.

Le 22 juillet, une femme nommée Dubret, qui demeure à Genève, dans la même maison que le sieur Grasset, vint me proposer de me vendre cet ouvrage manuscrit quarante louis.

Le 26 juillet, Grasset, arrivé de Lausanne, vint lui-même me proposer ce manuscrit pour cinquante louis, en présence de Mme Denis et de M. Cathala[3] et me dit que, si je ne l’achetais

  1. Prieur ; voyez lettre 2944.
  2. Sans doute M. Chouet, nommé dans les Confessions (part. II livre viii) de J.-J. Rousseau. (Cl.)
  3. Négociant de Genève, en faveur duquel Voltaire écrivit à La Chalotais le 21 iuillet 1762.