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2563. — BILLET SIGNÉ À VOLTAIRE
par le baron de freytag[1].
Francfort, le 1er juin 1753.

J’ai reçu de M. de Voltaire deux paquets d’écritures, cachetés de ses armes, et que je lui rendrai après avoir reçu la grande malle de Leipzig ou d’Hambourg, où se trouve l’œuvre des poésies que le roi demande.

Freytag, résident[2].

2564. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Francfort-sur-le-Mein, au Lion-d’Or, le 4 juin.

Quand vous saurez, mon cher ange, toutes les persécutions cruelles que Maupertuis m’a attirées, vous ne serez pas surpris que j’aie été si longtemps sans vous écrire. Quand vous saurez que j’ai toujours été en route ou malade, et que j’ai compté venir bientôt vous embrasser, vous me pardonnerez encore davantage ; et, quand vous saurez le reste, vous plaindrez bien votre vieil

    bagages. L’idée m’était venue de le faire garder de près par quelques grenadiers ; mais le service militaire est organisé de telle sorte en cette ville que je compte plus sur la parole de Voltaire, confirmée par serment, que sur la surveillance des gardes. Comme il est réellement faible et dans un misérable état de santé, je lui ai donné le meilleur médecin de la ville ; j’ai mis aussi à sa disposition ma cave et ma maison tout entière. Là-dessus, je l’ai laissé passablement calme et consolé, après qu’il m’eut livré sa clef de chambellan avec la croix et le ruban de son ordre.


    Le soir du même jour, vers sept heures, il m’envoya le décret de sa nomination de chambellan (voir le paquet sous la lettre C), et ce matin une lettre de la main du roi (paquet D), qui était tombée, dit-il, sous la table pendant nos recherches. Je ne sais pas combien il attend encore de caisses, et comme j’ignore absolument si les papiers que je dois saisir sont nombreux ou non, le mieux serait d’envoyer ici un secrétaire du roi qui procéderait à une perquisition plus exacte, d’autant que je ne connais pas l’écriture de Votre Majesté.

    J’oubliais de dire qu’il a écrit en ma présence à son commissionnaire de Leipsick pour lui donner l’ordre d’expédier à mon adresse le ballot mentionné ci-dessus. Il m’a prié en même temps d’écrire au chambellan intime de Votre Majesté, M. de Fredersdorff, afin d’obtenir qu’on ne le retînt pas ici plus longtemps. Il voulait même que cette lettre fut envoyée par une estafette ; mais, comme les frais de la journée s’élèvent déjà à trois louis d’or, je me suis servi de la poste ordinaire.

    Je lui ai délivré un reçu des deux paquets d’écritures qu’il a déposés en mes

    mains ; je lui ai également, à son instante demande, remis un billet qu’il a l’intention d’envoyer à sa nièce pour la consoler, et dans lequel je lui ai promis qu’après l’arrivée du ballot de Leipsick il ne sera pas retenu plus longtemps.

    *. En latin.


    **. Dans le texte allemand : Œuvres de poésies.

  1. D’après Varnhagen von Ense. — Varnhagen ne donne pas le billet destiné être envoyé à Mme  Denis.
  2. Voltaire écrivit au dos en grosses lettres : Promesses de M. de Freytag.