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von Fredorsdorff zu schreiben, damit Er hier nicht länger aufgehalten würde ; Er wollte auch, dass ich dieses per Estaffett fortschicken möchte ; da nun aber bereits schon drei louis d’or an Unkosten drauf gegangen, so habe mich der ordinairen Post bedienet. In devotestem Respekt beharrt Euer Köiniglichen Majestät, etc.

Ich habe Ihme ein reçu wegen dessen mir behändigten zwei Paketer Skripturen ausgestellet, auch auf sein inständiges Anhalten ein Billet an ihn gefertiget, welches Er zur Konsolation an seine nièce schicken wollte, worinnen ich Ihme versprochen, dass Er nach Anlangung des Leipziger Ballots nicht länger aufgehalten werden sollte[1]

  1. Traduction : Trés-illustre, très-puissant roi, très-gracieux roi et seigneur, le conseiller Schmid, partant pour Emden, m’a proposé un membre du conseil de la ville nommé Rücker, qui se montre assez Prussien à l’égard des affaires de l’Église réformée, le même à qui l’on est redevable de la collecte générale pour les infortunés habitants de Breslau ; et il se l’est substitué près de moi, avec mon consentement, jusqu’à ordre royal ultérieur. Mais Voltaire étant arrive hier ici, je me suis présenté chez lui avec le sénateur Rücker et le lieutenant de Brettwitz, officier de recrutement. Après les politesses d’usage, je lui exposai les très-gracieuses intentions de Votre Majesté. Il fut consterné, ferma les yeux, et se renversa dans son fauteuil. Je ne lui avais encore parlé que des papiers. Après s’être recueilli un instant, il appela son ami Colini, que j’avais prié de se retirer, le fit venir dans sa chambre et m’ouvrit deux caisses, une grande valise, ainsi que deux portefeuilles. Il fit encore mille contestationes*. de sa fidélité à Votre Majesté, puis se trouva mal de nouveau, et le fait est qu’il a l’air d’un squelette. Dans la première caisse, je trouvai le paquet ci-joint, enveloppé sous la marque A, que je donnai en dépôt à l’officier sans l’ouvrir. Le reste de la visite a duré de neuf heures du matin à cinq heures de l’après-midi. Je n’ai trouvé qu’un poëme, dont il a eu beaucoup de peine à se séparer, et que j’ai placé dans le paquet A. J’ai fait sceller ce paquet par le sénateur, et j’y ai apposé aussi mon cachet. Je lui demandai sur l’honneur s’il n’avait pas autre chose : il affirma par serment quod non. Nous en vînmes alors au livre des Œuvres de poésies**.  ; il me dit que ce livre se trouvait dans une grande caisse de voyage, mais qu’il ignorait si cette caisse était à Leipsick ou à Hambourg. Là-dessus je lui déclarai que je ne pouvais le laisser partir de Francfort avant d’avoir examiné cette caisse. Aussitôt il me fit mille instances pour obtenir de continuer sa route : il avait besoin de prendre les bains, sans quoi sa mort était certaine. Voyant de graves inconvénients à ce que l’affaire fût portée devant le conseil de la ville, surtout parce qu’il se donne le titre de gentilhomme de la chambre à la cour de France, et que dans cette circonstance les magistrats feraient beaucoup de difficultés pour autoriser l’arrestation, j’ai fini par convenir avec lui qu’il resterait prisonnier sur parole dans la maison qu’il habite en ce moment jusqu’à l’arrivée du ballot de Leipsick ou de Hambourg, et qu’il me donnerait pour ma garantie deux paquets de ses papiers, tels qu’ils se trouvaient alors sur la table, enveloppés et scellés de sa main. Il me donna aussi une lettre reversale, ci-jointe sous la marque A B. Le maître de l’hôtel est un certain M. Hoppe, qui a un frère au service de Votre Majesté en qualité de lieutenant ; j’ai pris avec lui toutes les mesures nécessaires pour que le prisonnier ne puisse ni s’évader ni expédier ses