Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


2694. — À M. LE CLERC DE MONTMERCY[1].
À Colmar, 14 février.

Je n’ai reçu qu’hier, monsieur, par les voitures publiques, les Écarts de l’imagination, ou plutôt les beautés de votre imagination. Je vous remercie d’abord, comme homme de lettres et comme citoyen, de la justice que vous rendez à MM. d’Alembert et Diderot ; et, après m’être acquitté de ce devoir, je remplis le second en vous disant combien je suis sensible à l’indulgence que vous m’avez témoignée. Le goût et l’esprit philosophique qui règnent dans votre ouvrage m’inspirent de l’estime et de l’amitié pour l’auteur.

Les maladies qui m’accablent m’empêchent de vous assurer de ma main de ces sentiments véritables avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


2695. — AU PÈRE DE MENOUX[2],
jésuite.
À Colmar, le 17 février.

Vous ne vous souvenez peut-être plus, mon révérend père, d’un homme qui se souviendra de vous toute sa vie. Cette vie est bientôt finie. J’étais venu à Colmar pour arranger un bien assez considérable que j’ai dans les environs de cette ville. Il y a trois mois que je suis dans mon lit. Les personnes les plus considérables de la ville m’ont averti que je n’avais pas à me louer des procédés du père Merat, que je crois envoyé ici par vous. S’il y avait quelqu’un au monde dont je pusse espérer de la consolation, ce serait d’un de vos pères et de vos amis que j’aurais dû l’attendre. Je l’espérais d’autant plus que vous savez combien j’ai toujours été attaché à votre société et à votre personne. Il n’y a pas deux ans que je fis les plus grands efforts pour être utile

    Polier de Bottens, connue dans le monde littéraire sous le titre de baronne de Montolieu. Nous ne savons quel degré de parenté existait entre M.  de Montolieu, cité ici, et le Montolieu nommé dans quelques lettres de Voltaire à d’Arnaud, de juin, d’octobre et de décembre 1748.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Joseph de Menoux, né en 1695 à Besançon, mort à Nancy en 1766. Voltaire qui le connaissait bien, prétend, dans ses Mémoires, que c’était le plus intrigant et le plus hardi prêtre qu’il eût jamais connu. (Cl.)