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petits malheurs. J’en ai vu de toutes les espèces, et j’ai toujours conclu que la perte de la santé était le pire. Les gens qui essuient des contradictions dans ce monde auraient-ils bonne grâce de se plaindre devant votre neveu paralytique ? Et ce neveu-là n’est-il pas dix mille fois plus malheureux que l’autre ? Vous lui avez envoyé un médecin : si, par hasard, ce médecin le guérit, il aura plus de réputation qu’Esculape. Portez-vous bien, madame ; supportez la vie : car, lorsqu’on a passé le temps des illusions, on ne jouit plus de cette vie, on la traîne. Traînons donc. J’en jouirais délicieusement, madame, si j’étais dans votre voisinage. Mille tendres respects à vous deux, et mille remerciements.


2657. — À M. DUPONT.
avocat.

On peut très-bien mettre trois rimes de suite de même parure, surtout quand les vers sont aussi jolis que les vôtres.

Moi ! un quatrain[1] ! et à M. de Voyer ! Qui peut faire des contes pareils ? Je ne fais plus de vers, et M. de Voyer est au-dessus de ces bagatelles. Votre ville est comme toutes les autres, on y dit de mauvaises nouvelles ; mais il y a tant de mérite dans Colmar que je lui pardonne.


2658. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[2].

Madame, on imprime actuellement ces Annales de l’empire que Votre Altesse sérénissime m’a commandé d’écrire. Elles ont été faites dans un temps où le plaisir d’obéir à vos ordres pouvait seul me donner la force de travailler. J’espère avoir l’honneur d’envoyer l’ouvrage aux pieds de Votre Altesse sérénissime pour vos étrennes. Il est écrit avec la liberté, et, je crois, avec la vérité que l’histoire demande et que vous aimez. Voici, madame, une esquisse de l’épître dédicatoire que je compte mettre à la tête de ces Annales, en cas que Notre Altesse sérénissime l’approuve. Je demanderai encore ses ordres pour savoir si elle veut qu’on mette les lettres initiales de son nom, ou si elle permet qu’on écrive cet auguste nom tout entier.

  1. Un quatrain fort plaisant avait été adressé, dit-on, à M. de Voyer, et on l’attribuait à Voltairo. (Cl.)
  2. Éditeurs. Bavoux et François.