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trouverai à Strasbourg des secours pour achever ce que mon obéissance à vos ordres a commencé. Mais, madame, qu’il sera dur de vous obéir de si loin ! Je ne ferai jamais qu’une seule prière à Dieu ; je lui dirai : Donnez-moi la santé, pour que je retourne à Gotha.

Je me flatte que la grande maîtresse des cœurs me conserve toujours ses bontés, qu’elle me protège toujours auprès de Votre Altesse sérénissime. Je me mets à vos pieds, madame, avec quarante empereurs, préférant assurément la vie heureuse de Gotha à toutes leurs aventures. Je serai attaché, le reste de ma vie, à Votre Altesse sérénissime avec le plus profond respect et une reconnaissance inaltérable.

Permettez-moi, madame, de présenter les mêmes sentiments il monseigneur le duc et à votre auguste famille.


2634. — À M. ***[1].
À Schwetzingen près de Manheim, 5 août 1753.

Monsieur, M. le chevalier de La Touche me mande que vous l’avez assuré que la malheureuse affaire de Francfort était finie. Je ne doute pas qu’en effet Votre Excellence n’ait fait ce qui dépendait d’elle pour faire rendre justice. Sa Majesté le roi votre maître ayant désavoué l’abus que les sieurs Freytag et Smith ont fait de son nom, nous ne pouvons douter qu’ils ne rendent au moins l’argent qu’ils ont pris dans les poches du sieur Colini et dans les miennes. L’Europe serait trop étonnée si, après de tels excès, il n’y avait aucune réparation. Un nommé Dorn, qui n’a d’autre fonction que de servir quelquefois aux expéditions du sieur Freytag, a traîné dans les rues de Francfort, au milieu de la populace, une femme respectable qui voyageait avec les passeports du roi de France ; on lui a ôté sa femme de chambre, ses domestiques. Le nommé Dorn a eu l’insolence de passer la nuit seul dans sa chambre. Votre Excellence peut sentir à quel point ces atrocités ont excité l’indignation universelle. Pourra-t-on s’imaginer que ce soit au nom d’un monarque aussi bienfaisant et aussi juste que le roi votre maître qu’on ait violé ainsi les lois, les bienséances et l’humanité ? et qu’après tant d’indignités Freytag ose exiger encore de cette dame le payement exorbitant

  1. Éditeur, Varnhagen von Ense. — La lettre 2629 peut faire supposer que celle-ci est adressée au comte de Podewilz.