Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/572

Cette page a été validée par deux contributeurs.
562
CORRESPONDANCE.

Je lui ai renvoyé son cordon, sa clef d’or, ornements très-peu convenables à un philosophe, et que je ne porte presque jamais. Je lui ai remis tout ce qu’il me doit de mes pensions. Il a eu la bonté de me rendre tout, et de m’inviter à le suivre à Potsdam, où il me donne dans sa maison le même appartement que j’ai toujours occupé. J’ignore si ma santé, qui est plus déplorable que mon aventure, me permettra de suivre Sa Majesté.


2512. — À M. DE VOYER[1].

Je ne sais, monsieur, ce que vous entendez par le fruit de mes veilles, dans le billet que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Je ne suis plus en âge de veiller, et encore moins de sacrifier mon sommeil à des bagatelles. Je ne suis point l’auteur de la petite lettre sur milord Bolingbroke[2] ; je l’ai cherchée pour obéir à vos ordres, et j’ai eu beaucoup de peine à la trouver : la voici. Je suis très-aise d’avoir eu cette occasion de vous marquer à quel point j’aime à vous obéir. Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien présenter mes respects à M. le comte d’Argenson et à M. le marquis de Paulmy, et de recevoir les miens avec la bienveillance que vous m’avez toujours témoignée.


Voltaire.

2513. — À M. LE CHEVALIER DE LA TOUCHE[3].

Vous vous doutez bien, monsieur, que je n’ai pas suivi le roi de Prusse à Potsdam malgré ses bontés touchantes ; l’état où je suis ne me laissera pas probablement la liberté de lui faire sitôt ma cour ; mais je voudrais bien vous faire la mienne. Je vous supplie de vouloir bien donner au porteur le paquet en question. Mille remerciements et mille respects. V.

  1. Cette lettre a été publiée par M. René d’Argenson, à la page 481 des Mémoires du marquis d’Argenson, 1825, in-8°. Une note dit que ce billet est sans date, mais qu’il doit avoir été écrit vers l’année 1763. Cette date me parait une faute d’impression ; je crois qu’il fallait 1753 ; peut-être même le billet est-il de la fin de 1752. Le marquis de Voyer, fils du comte d’Argenson, était né le 20 septembre 1722 ; en 1753, il était lieutenant général à Colmar, et est mort le 15 septembre 1782. (B.)
  2. Défense de milord Bolingbroke, voyez tome XXIII, page 547.
  3. Éditeur, Th. Foisset.