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2469. — À M. FORMEY.

Je suis venu hier, monsieur, pour vous remercier des soins que vous avez la bonté de prendre. Je vous prie de différer encore de quelques jours l’Avertissement que vous vouliez bien mettre dans les papiers publics, et de me garder une cellule dans votre ruche[1].

N’en parlez point, je vous prie, avant que j’aie eu le bonheur de vous voir.

Je vous embrasse de tout mon cœur. V.


2470. — À M. ROQUES.

Monsieur, j’ai lu enfin l’édition du Siècle de Louis XIV, que votre ami La Beaumelle a faite en trois volumes, avec des remarques et des lettres. Je vous dirai, monsieur, que cette édition n’a pas laissé d’avoir quelque cours à Berlin, J’y suis outragé ; cinq ou six officiers de la maison de Sa Majesté prussienne y sont maltraités ; c’est une raison pour qu’on veuille au moins parcourir l’ouvrage. Personne ne lui pardonnera d’avoir outragé dans ses remarques les vivants et les morts, ainsi que la vérité. Mais moi, monsieur, je lui pardonnerais les injures scandaleuses qu’il me dit dans mon propre ouvrage, s’il était vrai qu’il eût à se plaindre de moi, et si je l’avais accusé auprès du roi de Prusse, dans son passage à Berlin, comme il le prétend.

Je peux vous protester hautement, monsieur, non-seulement à vous, mais à tout le monde, et attester le roi de Prusse lui-même, que jamais je n’ai dit à Sa Majesté ce qu’on m’impute[2]. Ce fut le marquis d’Argens qui l’avertit, à souper, de la manière dont La Beaumelle avait parlé de sa cour, ainsi que de plusieurs autres cours, dans son livre intitulé Qu’en dira-t-on ? Le marquis d’Argens sait que, loin de vouloir porter ces misères aux oreilles du roi, je lui mis presque la main sur la bouche ; que je lui dis en propres paroles : Taisez-vous donc, vous révélez le secret de l’Église. J’aurais pu user du droit que tout le monde a de parler d’un livre nouveau, à table, mais je n’usai point de ce droit ; et, loin de rendre aucun mauvais office à M. de La Beaumelle, je fis ce que je pus pour le servir dans l’aventure pour laquelle il fut

  1. Formey publiait l’Abeille du Parnasse ; voyez ci-dessus la lettre 2430.
  2. Voyez la lettre 2542.