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Je serais encore plus étonné qu’on admirât ce plat ouvrage. Mais tout est précieux des anciens ; on aime à voir jusqu’à leurs fautes. Il y a, d’ailleurs, dans cette méchante pièce, de petits traits qui ont fait fortune.


· · · · · · · · · · · · · · · Credat Judæus Apella.
Non ego ; · · · · · · · · · · · · · · ·


Voilà assez notre devise.

J’ai toujours pensé comme vous sur saint Constantin et sur saint Clovis ; je les ai mis tous deux en enfer, dans la Pucelle[1]. Je combats en vers, tandis que vous battez l’ennemi avec les armes de la raison. Je suis fort de votre avis sur Zosime[2] ; mais je ne peux me persuader que Procope[3] soit l’auteur des Anecdotes. Il me semble que les hommes d’État ne disent point de certaines sottises. Je crois que les Frérons de ce temps-là ont pris le nom de Procope.

Vale, erudite veritatis assertor, superstitionis destructor ; vale, et scribe.


2412. — À M. LE MARQUIS D’ARGENS.

Cher frère, il me semble que je n’ai point dit ce que vous me faites dire. J’ai donné seulement des preuves de la persécution que le cardinal de Richelieu faisait à la reine ; j’ai dit qu’elle devait être en garde contre un homme qui éloignait d’elle son mari, qui la faisait interroger par le chancelier, qui, enfin, dans le voyage de Tarascon, voulut se rendre maître de sa personne et de celle de ses enfants ; et que, si la reine avait eu un commerce secret avec Mazarin, cardinal ou non, il n’importe, elle aurait fait l’impossible pour le dérober à la vue du cardinal de Richelieu.

Je viens d’apercevoir votre billet dans le livre, et je vous remercie toujours de votre zèle. Priez pour moi ; je suis bien malade.


2413. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.

Sire, vos réflexions valent bien mieux que mon ouvrage[4]. J’ai eu bien raison de dire quelque part que vous étiez le meilleur

  1. Chant V, v. 94 et 110.
  2. C’est dans ses Mémoires secrets de la république des lettres que d’Argens parle de Zosime.
  3. Voyez tome XV, page 421.
  4. Le poëme sur la Loi naturelle ; voyez tome IX.