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vous besoin, madame, d’un lecteur d’une poitrine et d’un esprit infatigables, théologien ne croyant pas en Dieu, savant comme La Croze, aussi gros que lui, mangeant tout autant, très-serviable et peu cher[1] ? Je pourrais le procurer à Votre Altesse royale. Elle sait que je ne lui fais pas de mauvais présents, et elle peut compter sur le zèle que j’aurai toute ma vie pour son service.

J’ai exécuté ses ordres auprès du baron de Pöllnitz. C’est de quoi lui rendre la santé, et il s’en porte déjà mieux. Si jamais j’en ai, de cette santé que l’auteur de la Religion naturelle m’a refusée tout net, je viendrai sûrement m’informer à Baireuth de la vôtre. Baireuth est l’église où je veux aller en pèlerinage offrir un culte de latrie et me prosterner devant l’auguste sainte que je prie avec le plus profond respect.

Monseigneur daigne-t-il agréer mes hommages, et son Altesse royale daigne-t-elle me permettre que je mette dans ce paquet une lettre pour M. d’Adhémar ? Je suis bien touché de l’état de M. de Montperny : Votre Altesse royale perdrait là un serviteur tel que les princes n’en trouvent guère.


Voltaire.

2405. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Potsdam, le 5 août.

Mon cher ange, voilà donc le pays de Foix[2] et le voisinage des Pyrénées sous votre gouvernement ! Tirez-vous-en comme vous pourrez, messieurs, puisque vous l’avez voulu, et que vous avez jugé qu’on pouvait faire la guerre avec quelque avantage. Pour moi, je ressemble à ces vieux rois presque détrônés, qui n’osent plus paraître à la tête de leurs armées.

J’avais seulement envoyé quelques troupes auxiliaires au général Thibouville, comme, par exemple, ces quatre vers-ci, que dit Amélie au quatrième acte :


Ah ! je quittais des lieux que vous n’habitiez pas.
Dans quelque asile affreux que mon destin m’entraîne,
Vamir, j’y porterai mon amour et ma haine ;
Je vous adorerai dans le fond des déserts,
Dans l’horreur des combats, dans la honte des fers,
Dans la mort que j’attends de votre seule absence.

  1. Il s’agit probablement de l’abbé de Prades.
  2. Allusion à la tragédie d’Amélie, ou le Duc de Foix, jouée le 17 août 1752.