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2402. — À M. FORMEY.
Potsdam, le 29 juillet.

Je ne peux vous rendre trop de grâces, monsieur, de votre journal et de vos politesses. Vous me consolez un peu de cette première édition du Siècle de Louis XIV. Je suis fâché qu’elle ait paru avant les mémoires singuliers que j’ai reçus. On m’a envoyé des manuscrits de la main de Louis XIV même. Il faut bien regretter qu’un roi qui avait des sentiments si grands et des principes si sages n’ait pas consulté son propre cœur, au lieu d’écouter des prêtres et Louvois, quand il s’agissait de perdre quatre ou cinq cent mille sujets utiles.

Je suis très-content de l’éloge de M. Cramer[1]. Il me paraît qu’il y a à Genève des philosophes d’un grand mérite ; autrefois il n’y avait que des théologiens.

Je suis fâché qu’on dise, page 426, que Rodolphe de Habsbourg acheta Lucques et Florence, etc. : il les vendit ; le pauvre seigneur n’avait pas de quoi acheter. La plupart des livres sont bien peu exacts ; on se pique d’écrire vite et beaucoup, et on nous surcharge d’inutilités et d’erreurs.

Je vous embrasse. Vous pouvez compter que je suis rempli pour vous d’estime et d’amitié.


2403. — AU MARÉCHAL DE BELLE-ISLE.
À Potsdam, ce 4 août 1752.

Monseigneur, je reconnais à la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire votre caractère bienfaisant et qui étend ses soins à tout. Vous ne doutez pas que M. le marquis d’Argens et moi nous n’obéissions à vos ordres avec l’empressement qu’on doit avoir de vous plaire. L’intérêt que je prends à la personne que vous protégez redouble mon amitié pour elle. Mais nous doutons encore que la petite place dont il est question soit vacante. Si en effet elle le devenait, votre protégé ferait très-bien d’aller trouver le sieur Darget, qui a naturellement cette place dans son district, et qui est à Paris chez le sieur Daran, chirurgien. Il regarderait sans doute comme un très-grand honneur

  1. Dans le cahier Mai et juin 1752 de la Bibliothèque impartiale, pages 427-443, est une Lettre contenant un éloge historique de M. Cramer, professeur de philosophie à Genève. Gabriel Cramer, né en juillet 1704, est mort le 4 janvier 1752.(B.)