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faire de nouvelles éditions du Siècle de Louis XIV, et de le traduire sans me demander si je n’ai rien à corriger, à ajouter. Je suis bien aise d’avertir que j’ai été obligé de corriger et d’augmenter beaucoup. J’avais apporté, à la vérité, à Potsdam de fort bons mémoires que j’avais amassés à Paris pendant vingt ans ; mais j’en ai reçu de nouveaux depuis que l’ouvrage est public. Je m’étais trompé d’ailleurs sur quelques faits. Je n’étais pas entré dans d’assez grands détails dans le Catalogue raisonné des gens de lettres et des artistes. J’avais omis plus de quarante articles ; je n’avais pas pensé à faire une liste raisonnée des généraux ; enfin l’ouvrage est augmenté du tiers. Il ne faut jamais regarder la première édition d’une telle histoire que comme un essai. Voici ce qui arrive ; le fils, le petit-fils d’un ambassadeur, d’un général, lisent votre livre. Ils vont consulter les mémoires manuscrits de leur grand-père ; ils y trouvent des particularités intéressantes, ils vous en font part ; et vous n’auriez jamais connu ces anecdotes si vous n’aviez donné un essai qui se fait lire, et qui invite ceux qui sont instruits à vous donner des lumières. J’en ai reçu beaucoup, et j’en fais usage dans la seconde édition que je fais imprimer. Voilà, monsieur, ce qu’il est bon de faire connaître à ceux qui lisent. Le nombre en est assez grand, et le nombre des auteurs, moi-même compris, beaucoup trop grand.

Je vous prie de faire imprimer cette lettre dans votre journal, afin d’instruire les lecteurs, et afin que si quelque homme charitable a des nouvelles de la partie de l’Histoire universelle que j’ai perdue, il m’en fasse au moins faire une copie.

J’ai l’honneur d’être passionnément, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

2384. — À MADAME DENIS.
À Potsdam, le 9 juin.

Je suis fâché que cette plaisanterie[1] innocente dont j’ai affublé, le plus respectueusement et le plus poliment que j’ai pu, Son Éminence le cardinal Querini, soit si publique ; mais il est homme à l’avoir fait imprimer lui-même. Il imprime régulièrement à Brescia tout ce qu’il écrit et tout ce qu’on lui écrit. Dieu merci,

  1. Voyez, tome X, l’Épître au cardinal Querini, commençant ainsi :
    Quoi ! vous voulez donc que je chante, etc.